Journée mondiale de lutte contre le sida : Act Up-Paris appelle à une remobilisation générale ce 1er décembre (VIDEO)

Si la situation des personnes vivant en France avec le VIH s’est améliorée, du fait notamment des progrès thérapeutiques, les gains d’espérance de vie posent de nouvelles questions.

Les premiers traitements et leurs effets indésirables exposent à des incapacités, à la survenue de nouveaux risques et de maladies liées au vieillissement, ou à des trajectoires complexes, qui pèsent sur les droits à la retraite. Et les accès aux soins ou encore au logement et à l’emploi restent des questions cruciales.

De même, si le nombre de contaminations semble s’être stabilisé ces dernières années, on note une recrudescence chez les gays et les bis, en particulier parmi les très jeunes et les seniors.

D’où l’urgence d’agir et s’organiser face aux enjeux de prévention et de lutte contre l’épidémie et la sérophobie, afin de peser sur la campagne présidentielle, refuser les promesses sans lendemain et exiger des moyens et des mesures concrètes, insiste Act Up dans son communiqué, appelant pour la 27ème année à une remobilisation : « En 2016 comme en 1995, c’est avec un mot d’ordre mettant en avant les séropos que nous avons choisi de marcher ce premier décembre. »

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À l’international, la situation s’améliore lentement, avec une baisse des décès liés au virus et une hausse de la mise sous traitement des séropositifVEs. Mais cet équilibre là encore reste précaire, faute de financements supplémentaires et le risque d’une reprise généralisée de l’épidémie, qui s’observe déjà dans certaines de ces pays, criminalisant les usagerEs de drogue ou réprimant les minorités sexuelles et de genre, est réel.

Et puis, l’épidémie ayant des causes politiques, Act Up rappelle que « la lutte contre le sida passe par la réaffirmation du caractère politique de nos communautés, par le fait de rendre visible nos orientations sexuelles, nos identités de genre, nos statuts sérologiques, et de faire entendre la voix et les revendications des plus discriminéEs et invisibiliséEs d’entre nous. »

« Le gouvernement sortant s’est joué des droits des minorités en faisant traîner les débats autour de l’ouverture du mariage aux couples de personnes du même sexe, sans avancer sur la PMA. Il a offert une simplification minimale du changement d’état-civil pour les personnes trans mais si peu œuvré pour lutter contre les discriminations, renforçant celles que subissent migrantEs et travailleurSEs du sexe. Il a avancé sur la PrEP et a mis à disposition les autotests, mais a tardé à promouvoir une stratégie globale sur les questions de santé sexuelle, et a continué de rationner les moyens des hôpitaux. Il s’est par ailleurs targué d’un volontarisme de façade à l’international pour finalement refuser d’augmenter la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, tout en y effectuant des coupes (ainsi que sur UNITAID) pour les engagements actuels.

Nous qui manifestons le 1er décembre sommes une communauté politique qui refuse de considérer sous un jour comparable les menaces encore plus grandes qui nous guettent si des forces politiques de droite extrême ou d’extrême-droite viennent à bénéficier d’une majorité gouvernementale, complétant la majorité sénatoriale et les majorités de bon nombre d’exécutifs locaux, lesquelles fournissent autant d’exemples des conséquences à attendre d’une telle alternance. Menaces sur l’Aide Médicale d’Etat, sur l’IVG, racisme, antisémitisme, islamophobie, sexisme, homophobie, lesbophobie, biphobie, transphobie, démantèlement des solidarités, casse de l’hôpital, renforcement des pouvoirs répressifs de la police, seraient alors généralisés.

Le quinquennat qui s’annonce sera celui au cours duquel nous vous jugerons sur l’atteinte des objectifs internationaux fixés pour l’horizon 2020. Vous n’aurez que vos premiers mois pour mener les actions ambitieuses qui s’imposent pour les atteindre, pour coordonner les initiatives locales et pour favoriser les nombreux engagements associatifs et activistes.

Il y a urgence pour vous à vous engager à agir ; quant à nous, nous sommes prêtEs et déterminéEs à vous l’imposer, et nous le montrons en cette journée de LUTTES contre le sida.

Ce n’est pas une question d’attendre des innovations scientifiques décisives, qui nécessiteraient par ailleurs de bien mieux soutenir la recherche publique qu’à l’heure actuelle, c’est dès maintenant une question de volonté et de moyens pour rendre accessibles l’ensemble des outils disponibles, nouveaux comme anciens. »

Act Up prévient néanmoins que les autorités demandent aux organisateurs de la marche de renforcer leur dispositif de sécurité, en raison de l’état d’urgence. « Ils nous demandent d’avoir des barrières, de faire des filtrages et des fouilles », précise Jacques Pisarik, co-secrétaire général d’Act Up-Paris. Des conditions logistiques jugées intenables pour la pérennité de l’événement. « On a proposé de réduire le parcours de moitié, mais ce n’est même pas sûr que cela soit suffisant. De manière politique et symbolique, c’est catastrophique. » Selon l’association, un millier de personnes sont attendues.

Début novembre, l’ex-présidente d‘Act Up Laure Pora a été condamnée en appel pour avoir placardé en août 2013, avec d’autres militants de l’association, des affichettes portant notamment le logo de la Manif pour Tous, barré de la mention « homophobes », sur la façade de la fondation Jérôme-Lejeune (qui ne fait pas qu’investir ses dons et legs défiscalisés contre l’avortement) et dont Ludovine de la Rochère était salariée.

L’association s’est pourvue en cassation mais manque de soutien, de bénévoles, et surtout de dons pour se défendre, promouvoir et mener ses actions.

Si vous considérez tout autant que LMPT est bien un rassemblement qui aura motivé l’explosion depuis 2012 des violences LGBTphobes, il convient de rejoindre la mobilisation.