Plainte contre Maroc Hebdo pour « provocation à la haine et à la violence »

« Faut-il brûler les homos? » : Plus de deux mois après la parution de cette couverture polémique, qui affichait en photo deux jeunes hommes se regardant dans les yeux, accompagnée du commentaire « Le ministère de la santé appelle à la dépénalisation de l’homosexualité au Maroc. Certes, c’est un droit individuel. Mais, quid de la morale et des valeurs religieuses ? », l’association Mousse a décidé de réagir. Elle a porté plainte ce lundi 24 août contre le directeur de publication du magazine, Mohamed Selhami.

« Demander si la mort d’un groupe de personnes est souhaitable est inadmissible et illégal », a déclaré Etienne Deshoulières, avocat de l’association. « De tels propos doivent faire l’objet d’une sanction, afin d’éloigner de nos démocraties l’idée de renvoyer les gays dans des camps de concentration comme cela a été le cas pendant la Seconde Guerre mondiale ».

marochebdomontage« Le délit de provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle suppose que les propos incriminés comportent une exhortation ou une incitation explicite à commettre des actes de violence ou à concevoir des sentiments de haine à l’égard dudit groupe. En l’espèce, le titre “Faut-il brûler les homos?” implique que cette question puisse faire l’objet d’un débat et d’une réponse positive. Cette interrogation légitime ainsi l’opinion selon laquelle les homosexuels devraient être brûlés du simple fait de leur orientation sexuelle. Elle contribue ainsi à entretenir un sentiment de haine, voire incite à commettre des actes de violence, à l’encontre des homosexuels… L’intention coupable d’inciter et d’encourager des sentiments de discrimination, de haine et surtout de violence à l ‘égard de personnes en raison de leur orientation sexuelle est donc caractérisée », conclut le texte de la plainte.

Maroc Hebdo publiait déjà le 2 novembre 2012 un numéro intitulé « Le péril noir », n’hésitant pas à provoquer des sentiments de haine xénophobes pour attirer l’attention du lectorat.

Les internautes avaient été nombreux à se révolter contre cette une. Les excuses de Maroc Hebdo, qui avait retiré son numéro et avait expliqué à ses lecteurs avoir simplement voulu rendre compte d’un « débat », n’ont pas convaincu. Contacté par Slate, Étienne Deshoulières, estime que «les mots ne sont pas seulement des mots, ils ont des conséquences réelles». «Imaginez-vous être un jeune homo n’ayant pas fait son coming out, lisant cette couverture. Les jeunes homos se suicident sept fois plus que les jeunes hétéros et ces statistiques sont directement liées à cette violence».

L’association Mousse tient à préciser de son côté qu’elle combat l’homophobie « quelle qu’en soit l’origine » et souhaite « éviter tout amalgame entre un journaliste marocain et les Marocains en général ».

La balle est désormais dans le camp du procureur, qui a le choix de poursuivre ou non la publication. Si la plainte était rejetée, l’association pourrait se constituer partie civile, et pousser l’action en justice sur un autre front.

STOP HOMOPHOBIE
avec Aude Lorriaux