Tel-Aviv : Pour briser le tabou, couples juifs et arabes, gays et hétéros s’embrassent face à la caméra

En réaction à la récente décision du ministère de l’Éducation israélien d’écarter des programmes dans les lycées, le livre de Dorit Rabinyan, Geder Haya (« Haie » en hébreu), qui retrace l’histoire d’amour entre une Israélienne et un Palestinien,  l’édition de Tel-Aviv du magazine Time Out a décidé de braver l’interdit en publiant en ligne une vidéo de « six couples de juifs et arabes, hommes et femmes, gays et hétéros » s’embrassant sur la bouche :

« Certains sont de véritables conjoints ou de simples amis, d’autres ne s’étaient jamais vu avant le tournage », souligne la vidéo diffusée depuis ce jeudi soir, mais toutes et tous « refusent d’être des ennemis ! »

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יהודים וערבים מתנשקים | Jews & Arabs Kiss | عرب ويهود يتباوسواלאחר שנעלם לכמה שעות, הסרטון (שהיה עם מעל 100,000 צפיות ואלפי שיתופים) חוזר לאוויר. התקשורת העולמית – הגרדיאן, וושינגטון פוסט ונוספים, מפרגנים. שתפו כדי שהטובים (שאוהבים ומתנשקים) ינצחו

לעוד צילומים מהפרויקט ופרטים על המשתתפים: http://bit.ly/1JuVZNN

Posté par ‎טיים אאוט תל אביב Time Out Tel Aviv‎ sur jeudi 7 janvier 2016

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Sur fond de conflit persistant depuis des décennies, les relations sentimentales entre Israéliens et Palestiniens sont très mal perçues de part et d’autre. En réalité, elles sont très rares, mais sont un sujet régulièrement exploré dans la création artistique.

Les Israéliens « voient les Palestiniens comme une masse, et eux aussi nous voient comme une masse. Se regarder dans les yeux, comme cela s’est produit entre mes personnages, est une expérience très rare pour un Israélien », a confié Dorit Rabinyan à l’AFP. Son roman, publié en 2014, avait été écarté le 31 décembre dernier par le gouvernement israélien de la liste commune des livres étudiés en vue de l’examen final dans les sections littéraires au lycée. Le ministère de l’Éducation estimait en effet que le livre de 344 pages pourrait être vu comme un encouragement aux relations intimes entre Israéliens et Palestiniens. « L’assimilation » et la déperdition de l’identité juive sont des épouvantails pour les juifs pratiquants.

Révélée la semaine passée, la mise à l’index du livre a indigné une partie du monde culturel, déjà braqué à plusieurs reprises depuis un an contre l’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël. Pourquoi ne pas carrément bannir l’étude de la Bible, qui s’y entend quand il s’agit de relations sexuelles entre juifs et non-juifs, a ironisé Amos Oz, l’un des plus grands noms de la littérature israélienne.

Presque le jour même, les stocks du livre, au succès d’estime très discret jusqu’alors, ont été épuisés dans les librairies. Geder Haya est devenu la mieux vendue des fictions dans les deux plus grandes chaînes de libraires et sur Internet.

stophomophobie.org
avec AFP