Invitée le 10 avril au collège Les Ormeaux, à Fontenay-aux-Roses, l’association Réseau des parents a déclenché une polémique, révélée par Mediapart et confirmée par 20 Minutes. Lors d’un « café des parents », ses intervenants ont délivré des conseils d’hygiène fortement genrés : des « produits tout-en-un » pour les garçons, contre des « soins » et des « parfums » pour les filles. Ces propos sexistes ont alerté Astrid Brobecker, élue écologiste et parent d’élève.
En consultant le site de l’association, on découvre un contenu marqué par une forte tonalité conservatrice. On y trouve notamment des témoignages de femmes ayant poursuivi une grossesse non désirée, systématiquement présentée comme une décision heureuse. Pour plusieurs observateurs, le message est clair : dissuader l’avortement sans l’affirmer ouvertement.
La controverse prend une dimension nationale lorsqu’il apparaît que Réseau des parents est financée en partie par le Fonds du Bien Commun, fondation créée par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, proche des milieux catholiques intégristes. Plus surprenant, l’association reçoit aussi des fonds publics, notamment via le programme Cités éducatives, piloté par les ministères de l’Éducation nationale et du Travail.
Contacté, le ministère précise qu’aucune enquête idéologique n’est menée systématiquement sur les associations intervenant ponctuellement dans les établissements, sauf en cas de signalement.
Autre sujet d’inquiétude : l’association désigne la « dysphorie de genre » comme un « risque des réseaux sociaux », reprenant une thèse transphobe largement contestée par la communauté scientifique.
Cette idée, popularisée en 2018 par la chercheuse américaine Lisa Littman, suggérait que les réseaux sociaux provoqueraient des transitions soudaines chez les adolescents. Son étude, publiée dans la revue PLOS ONE, a cependant été vivement critiquée puis corrigée, faute de preuves solides.
Pour Maxime Pouvreau, cosecrétaire général de la CGT Éducation 92, « l’extrême droite culturelle avance masquée derrière des associations prétendument neutres, alors qu’elle diffuse en réalité un projet de société ultra-conservateur ».
À Fontenay-aux-Roses, parents et enseignants attendent désormais des clarifications sur les critères de sélection des partenaires éducatifs, afin d’éviter que des discours contraires aux valeurs républicaines ne pénètrent dans l’école publique.