En croisade au Malawi, l’Église catholique réclame le rétablissement des lois qui criminalisent l’homosexualité

>> Malawi’s Catholic bishops want the government to end its moratorium on prosecuting sexually active homosexuals

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Dans une lettre commune adressée au gouvernement et à leurs fidèles, les évêques de la Conférence épiscopale du Malawi réclament la fin du moratoire dont bénéficient depuis 2012 les homosexuels et le rétablissement par conséquent des lois qui criminalisent les relations consenties entre personnes de même sexe.

Dès sa prise de fonction,  l’ancienne présidente de ce pays d’Afrique australe, Joyce Banda, avait en effet annoncé sa volonté de mettre un terme à cette législation des plus que répressives, héritée de l’ère coloniale britannique, qui prévoit jusqu’à 14 ans de prison et travaux forcés, évoquant une prochaine dépénalisation de l’homosexualité. Vivement condamnée par les conservateurs et chefs religieux, elle avait été contrainte de revenir sur ses déclarations, statuant toutefois pour la suspension temporaire des arrestations et poursuites pour « activité homosexuelle », dans l’attente d’une décision parlementaire. Après des années de contrôle de constitutionnalité, la Haute Cour ne s’est toujours pas prononcée et les évêques s’impatientent ! Ils accusent le pouvoir politique de céder aux pressions des organismes internationaux et revendications des militants locaux des droits humains par crainte de représailles économiques :

« Le gouvernement se fourvoie dans la cupidité et transgresse la volonté de Dieu en adhérant à des tendances et pratiques importées. Maintenir le moratoire est un acte de trahison. L’homosexualité est un “désordre”. Mais si les personnes ne sont pas condamnables, l’acte homosexuel et les unions de même sexe sont inacceptables », soutiennent les prélats, qui exigent que les mesures pour sanctionner les gays soient de nouveau appliquées, mais s’insurgent de la même façon contre les violences LGBTphobes. Elles ont d’ailleurs soudainement augmenté depuis cette déclaration pastorale. L’Église censée soulager les douleurs de l’âme contribue donc et de manière significative à l’homophobie !

En  janvier dernier, le porte-parole du Président Peter Mutharika, Gerald Viola, avait pourtant exprimé la volonté du chef de l’état de « protéger les droits des citoyens LGBT », laissant toutefois au peuple Malawien la décision de légiférer contre ou en faveur de la décriminalisation de l’homosexualité.

Qui sont-ils pour juger ? Certainement pas des ministres convaincus par leur foi !
Rappelons que la stigmatisation et la discrimination constituent également un obstacle à l’accès aux services de prévention, de dépistage et de traitement en l’occurrence du VIH, et par conséquent à la fin à l’épidémie de sida.

Des millions de chrétiens dans le monde, comme musulmans et pratiquants d’autres confessions d’ailleurs, sont persécutés en raison de leurs croyances, dans un déni de leurs droits les plus fondamentaux. Mais plutôt que de se « conscientiser », en œuvrant à l’avènement d’une véritable tolérance universelle et un environnement propice pour tous, leurs instances choisissent inéluctablement d’arborer « la lâcheté du bourreau » pour perpétuer la haine et les hostilités à l’encontre d’autres minorités, plus vulnérables évidemment.

Les catholiques représentent environ un cinquième de la population du Malawi, soit environ deux millions de personnes.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.org

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>> The Catholic Bishops of the Episcopal Conference of Malawi have publicly called on the Malawian Government to resume criminalizing members of the LGBTI community and end its moratorium on prosecuting those accused of indulging in gay sex.

The government, under President Joyce Banda, announced that authorities would no longer enforce Malawi’s laws criminalizing same-sex activities so that the country could have a conversation about whether to legalize homosexuality in 2012.

In the meantime Malawi’s High Court has been reviewing the constitutionality of the country’s laws criminalizing LGBTI people for several years but has not yet come to a decision.

However the Catholic Church in Malawi has now had enough and wants the law enforced again, saying the government only suspended the law because of foreign pressure.

‘We agree with those who have faulted the Government for putting a moratorium on laws governing homosexual acts,’ the bishops wrote in a joint pastoral letter, ‘This means that those guilty of homosexual acts or unions cannot be prosecuted.’

‘The Government has bowed down to pressure from donor community [sic], international bodies and local human rights campaigners. As pastors, we find this path very unfortunate. It is an act of betrayal on the part of those in power to sell our country to foreign practices and tendencies contrary to the will of God because of money.’

The bishops’ letter states that being a homosexual is ‘disordered’ but not sinful in itself and says that they ‘condemn in strongest terms [both] those inciting violence against homosexuals and those guilty of homosexual acts or unions.’

The bishops say that homosexual acts are ‘objectively evil and totally unacceptable,’ and so they must demand that the law be enforced again.

Homosexuality was first outlawed by the British in 1891 and if the law was fully enforced again LGBTI people in Malawi could potentially be imprisoned for up to 14 years.

Catholics make up around a fifth of the population of Malawi, or around two million people.