Purge anti-gay en Tchétchénie : 26 détenus assassinés, des dizaines d’autres déplacés et des camps détruits (VIDEOS)

Le 1er avril dernier, Novaïa Gazeta, principal quotidien d’opposition russe, publiait une enquête faisant état d’arrestations en Tchétchénie de plus d’une centaine d’hommes homosexuels, âgés de 16 à 50 ans, et torturés dans des « prisons non-officielles », notamment à Grozny.

Les témoignages des rescapés continuent de corroborer l’ampleur des violences. Et plusieurs ONG via le réseau russe LGBT en ont déjà exfiltré plus d’une quarantaine.

Mais le dirigeant tchétchène dément les accusations, tandis que son porte-parole a indiqué que les homosexuels n’existant pas dans la République, il ne pouvait y avoir de répression. Il justifie pourtant leur mise à mort si des cas se confirment.


Une volonté d’extermination « d’ici le début du Ramadan », déclarait Sir Alan Duncan, député britannique et ministre d’État au Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, qui en alertant le 20 avril dernier son parlement sur ces exactions « profondément barbares », confirmait en avoir également la preuve.

Interpellé au début du mois de mai par la chancelière allemande Angela Merkel et d’autres leaders mondiaux, le président russe s’est déclaré prêt à soutenir une enquête pour décanter « les rumeurs ». Il avait déjà demandé que le dossier soit saisi par le parquet général russe, qui a rapidement classé l’affaire, n’ayant reçu « aucune plainte de victime », sinon anonymes.

Il y en avait 3. Ils sont désormais 26, révèle Novaïa Gazeta, qui a dévoilé cette semaine une liste de noms de détenus, citant des sources policières. Leurs proches auraient été contraints de signer des déclarations affirmant qu’ils ont quitté la région pour travailler à Moscou. Mais ils sont morts, assassinés et les baraquements où ils étaient confinés dans la ville d’Argoun ont été détruits. Il ne reste que des débris et les détenus auraient été déplacés vers un centre de formation militaire à quelque 60 Km plus au nord, sur la ville de Terek. Le comité d’enquête approuvé par Vladimir Poutine s’y est vu refuser l’accès. Des militants LGBT nous ont confirmés l’information.

Ce 23 mai, faisant écho à la plainte déposée par STOP homophobie, Mousse et le Comité Idaho France devant la Cour pénale internationale contre Ramzan Kadyrov, « logisticien du génocide », une cinquantaine de membres démocrates et républicains de la Chambre des représentants américaine ont introduit à la Commission des affaires étrangères la résolution « H.Res.351 » condamnant pour la première fois les persécutions anti-LGBT menées dans cette République du Caucase. L’ancien vice-président Joe Biden et Nikki Haley, l’actuelle ambassadrice américaine à l’ONU, soutiennent l’appel pour des investigations indépendantes. Des précisions devraient suivre.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.com