Persécutions d’homosexuels en Tchétchénie : Au moins « trois centres de détention », selon les témoignages (VIDEO)

Les réactions se multiplient, notamment aux Etats-Unis, depuis la révélation des « purges anti-gay » orchestrées par les autorités tchétchènes dans des prisons « secrètes ».

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, s’est dit « troublée », lundi, par les informations de Novaya Gazeta sur ces violences présumées. Les sénateurs, Ben Cardin, démocrate membre de la commission des Affaires étrangères, et le républicain Thom Tillis, membre de la commission de la Défense, avaient déjà interpellé le président russe :

« Nous sommes très inquiets de la menace croissante dont font l’objet les personnes LGBT dans la République de Tchétchénie. Le comportement dur et inhumain de Ramzan Kadyrov est bien connu. Mais dans la Fédération, c’est Vladimir Poutine le responsable qui doit immédiatement dire que toute violence en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité sexuelle est inacceptable », écrit Ben Cardin. « Une violation des droits de l’homme », ajoute sur twitter Thom Tillis.

« Il est impossible d’arrêter ou de réprimer des gens qui n’existent tout simplement pas », s’était défendu un porte-parole du leader tchétchène, arguant que si c’était le cas, leurs proches les auraient de toute façon envoyés « là d’où ils ne reviendraient jamais ! »

« Tortures et meurtres » confirmés,  dans « au moins trois centres de détention » recensés, selon de nouveaux témoignages, qui précisent des conditions épouvantables pour des centaines d’autres hommes. CNN a d’ailleurs relayé la vidéo d’une arrestation brutale, filmée discrètement par l’ami d’une victime, avec des récits de rescapés.

« J’ai été arrêté dans ma voiture à un point de contrôle », explique Ahmed. Les policiers m’ont demandé mes pièces d’identité et m’ont immédiatement fait savoir qu’ils m’embarquaient. « J’ai été battu à coups de poings et de pieds… Ils voulaient que je leur donne les noms de mes amis et les endroits où nous nous rencontrions », confie un autre. « Et je peux vous dire que quand ils vous balancent les décharges pour vous électrocuter, l’arsenal est redoutable. »

Le jeune homme n’envisage plus de revenir parmi les siens, « c’est une condamnation à mort. Même si mes parents me pardonnent, c’est un tel déshonneur d’avoir un homosexuel dans sa famille, qu’il est probable que ce soit l’un de mes oncles ou un autre de mes proches qui m’assassine. »

Qualifiés « d’ennemis d’état et de la foi », Novaya Gazeta a également lancé un message d’alerte sur menaces émises après son enquête par le Grand Mufti tchétchène. Une « résolution d’urgence » aurait en outre été adopté le 3 avril , encourageant les fanatiques à des représailles pour répondre aux « accusations calomnieuses ». Et la société des journalistes de la petite république a indiqué dans un communiqué que les employés de ce journal moscovite « ne pouvaient plus être considérés comme des journalistes ».

Vingt personnes auraient toutefois été exfiltrées à Moscou, selon les ONG locales.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.com