Jamaïque : Églises mobilisées pour leur «droit» à prêcher l’homophobie

Branle-bas de combat dans les paroisses de l’île, à quelques jours de l’examen par la Cour suprême de la loi qui punit les rapports homosexuels.

Les Eglises jamaïcaines sont en effervescence. Mardi, la Cour suprême de l’île entame, pour la première fois, un débat sur la constitutionnalité de la loi qui criminalise l’homosexualité. Les rapports entre hommes y sont passibles de 10 ans de travaux forcés dans l’île, en vertu de la «buggery law», héritée de l’époque coloniale britannique.

De nombreuses églises ont appelé leur paroissiens à rejoindre le Jamaica Mercy Cry, un «rassemblement pacifique de prière», dans plusieurs villes du pays et devant le Parlement de Kingston, ce dimanche. «Notre droit constitutionnel à prêcher la vérité de la parole de Dieu est menacé», prévient le révérend Naila Ricketts, président du comité d’organisation de la manifestation, dans le «Jamaica Observer». «Si la loi était abrogée, ce que vous et moi prônons pourrait devenir un soi-disant discours de haine, passible des tribunaux.» Le pasteur a poursuivi en égrenant une série de cataclysmes à l’horizon: enseignement de l’homosexualité dans les écoles, destruction du mariage et de la famille, etc.

Le recours devant la Cour suprême a été déposé par un jeune citoyen, Javed Jaghai, après qu’il a été jeté dehors par sa logeuse, qui avait découvert qu’il était homosexuel. Elle lui aurait proposé de rester s’il s’engageait à renoncer à l’homosexualité et à étudier la Bible avec elle. Javed avait préféré engager la bataille sur le plan juridique, avec le soutien d’Aids-Free World, une organisation basée aux Etats-Unis. Leur démarche s’appuie sur la contradiction entre la «buggery law» et la Charte des droits et des libertés fondamentaux, adoptée par la Jamaïque en 2011.

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