En 2024, les droits des personnes LGBTQIA+ continuent de progresser dans de nombreuses régions du monde, mais ces avancées restent inégales et fragiles. Tandis que certains pays renforcent la protection de ces droits fondamentaux, d’autres, en particulier dans les régions conservatrices, durcissent leur répression contre les minorités sexuelles et de genre.
Une scène mondiale fragmentée
À l’échelle internationale, des évolutions significatives ont marqué l’année. 39 pays reconnaissent désormais le mariage pour tous.tes. La Thaïlande est le dernier en date à l’avoir légalisé le 24 septembre 2024, avec une entrée en vigueur prévue pour le 22 janvier 2025. Le continent européen est le leader, avec 22 États qui ont franchi le pas. Les Pays-Bas ont été les premiers à le faire en 2001. Cette avancée s’accompagne de la légalisation de l’adoption pour les couples de même sexe dans une vingtaine de pays, parmi lesquels le Costa Rica, devenant ainsi un pionnier en Amérique centrale.
La criminalisation de l’homosexualité demeure cependant une réalité dans au moins 61 pays, dont certains prévoyant la peine de mort. Les personnes transgenres, en particulier, font face à des défis spécifiques. Si des pays comme l’Argentine et l’Espagne permettent le changement de genre à l’état civil sans intervention médicale préalable, la violence physique et psychologique envers les personnes trans reste préoccupante. En Ouganda, une loi adoptée en 2023 a encore durci les sanctions contre les actes homosexuels, consolidant la place de ce pays parmi les plus répressifs du continent africain.
Une Europe en demi-teinte
En Europe, les droits des personnes LGBTQIA+ avancent, mais à des rythmes variables. Les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne et le Portugal demeurent des modèles d’inclusion, tandis que des nations comme la Pologne et la Hongrie continuent de s’opposer à la reconnaissance de ces droits.
Si le mariage pour tous est désormais reconnu dans toute l’Union européenne, l’application des lois antidiscrimination reste inégale. En Slovénie, par exemple, malgré la légalité du mariage pour tous, la discrimination et les violences contre les personnes LGBTQIA+ restent élevées, notamment dans le cadre professionnel. Amnesty International a récemment critiqué ce pays pour des failles dans la protection de ces populations.
La Russie, quant à elle, a intensifié sa répression en 2024. Après des lois anti-LGBT adoptées en 2013, interdisant toute « propagande LGBT », le gouvernement a classé cette année les personnes LGBTQIA+ et leurs organisations comme « terroristes et extrémistes ». Cette désignation permet aux autorités d’employer des mesures draconiennes contre ces individus et associations, aggravant leur marginalisation.
En Europe de l’Est, d’autres pays, comme la Serbie, peinent à embrasser des réformes. Bien que la Pride Parade de Belgrade ait eu lieu en 2024, elle a été marquée par des affrontements avec les forces de l’ordre, témoignant d’un climat toujours tendu.
En France : des progrès, mais des défis persistants
En France, les droits des personnes LGBTQIA+ ont connu des avancées majeures, notamment avec la légalisation du mariage pour tous en 2013 et la simplification des démarches pour les personnes transgenres. Ces dernières peuvent désormais modifier leur genre à l’état civil sans avoir à subir d’intervention chirurgicale.
Cependant, les discriminations et violences restent préoccupantes. En 2023, 4 560 infractions à caractère homophobe ou transphobe ont été enregistrées, soit une augmentation de 19 % par rapport à 2022. Ces infractions incluent des injures, des agressions et des menaces, mais aussi du harcèlement scolaire, qui demeure un fléau pour les jeunes LGBTQIA+. Bien que des actions de sensibilisation soient entreprises dans les écoles, elles ne sont pas encore généralisées.
Par ailleurs, selon une enquête Ipsos, environ 10 % de la population française s’identifie comme LGBTQIA+ en 2024, un chiffre qui illustre une visibilité croissante, mais qui s’accompagne de défis liés à l’acceptation sociale.
Des perspectives pour l’égalité
Malgré les progrès, la lutte pour l’égalité est loin d’être achevée. Les discours de haine, alimentés par certains courants politiques et sociaux, demeurent une menace en France et ailleurs. Des initiatives pour combattre la haine en ligne et promouvoir une éducation à la diversité sexuelle et de genre sont essentielles pour éviter des régressions.
À l’échelle mondiale, la dépénalisation de l’homosexualité et la reconnaissance des droits des personnes trans restent des objectifs cruciaux. Si l’Europe mène la charge pour ces réformes, des résistances internes subsistent. Dans d’autres régions, comme l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, la route vers l’égalité s’annonce encore longue, nécessitant des efforts concertés sur plusieurs décennies.
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Les événements 2024
Le 1er janvier, le mariage entre personnes de même sexe est devenu légal en Estonie, faisant du pays le premier d’Europe centrale, post-soviétique, à adopter cette reconnaissance.
En Autriche, la loi d’indemnisation des personnes condamnées pour homosexualité, votée en octobre 2023, est entrée en vigueur le 1er février 2024. Avec l’annulation des peines, les victimes recevront 3.000 euros, plus 1.500 € par année de détention.
Le Parlement grec a adopté le 15 février une loi légalisant le mariage entre personnes de même sexe.
Le 6 mars 2024, l’Assemblée nationale a approuvé en première lecture et à l’unanimité la proposition de loi portant réparation des personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1945 et 1982
Le 22 mars, l’Australie (Nouvelle-Galles du Sud) a adopté une loi interdisant les thérapies de conversion, incluant celles pratiquées en dehors de l’État.
Le 27 mars, la Chambre des représentants de Thaïlande a adopté en première lecture un projet de loi sur le mariage pour tous.
Le 8 avril, le Dicastère pour la doctrine de la foi a fait paraître « Dignitas infinita » qui qualifie la criminalisation des personnes LGBT+ de « violation de la dignité humaine ». C’est la première fois qu’un document du magistère de l’Église catholique se prononce contre la pénalisation des personnes homosexuelles.
Le 12 avril, le Parlement allemand a simplifié les procédures pour changer de nom et d’identité de genre, facilitant la reconnaissance des personnes transgenres.
Le 17 avril, la Suède a abaissé de 18 à 16 ans l’âge minimum pour changer de genre.
Le 23 avril, la Haute Cour de Dominique a décriminalisé les actes homosexuels, marquant une étape importante pour les droits LGBTQIA+ dans les Caraïbes.
Le 1er mai, l’Église Méthodiste Unie a autorisé les mariages entre personnes de même sexe et levé son interdiction du clergé LGBTQIA+.
Le 16 mai, le Parlement du Liechtenstein a abrogé l’interdiction du mariage pour tous, avec une mise en œuvre prévue dès le 1er janvier 2025.
Le 18 juin, le projet de loi sur le mariage pour tous a été approuvé par le Sénat thaïlandais, après son adoption par les députés au mois de mars.
Le 21 juin, la Haute Cour de Namibie a décriminalisé les relations homosexuelles, une avancée significative en Afrique.
Le 12 juillet, la Cour suprême des Pays-Bas a étendu la reconnaissance du mariage pour tous à Aruba et Curaçao.
Le 28 août, en Inde, une directive ministérielle a permis aux couples de même sexe d’ouvrir des comptes bancaires conjoints et de nommer leurs partenaires comme bénéficiaires, selon un communiqué du Département des Services financiers.
Le 24 septembre, Rama X, le roi de Thaïlande, a promulgué la loi sur le mariage pour tous.tes, faisant du pays le premier d’Asie du Sud-Est, et le troisième du continent asiatique, à le reconnaître après Taïwan en 2019 et le Népal en 2023.
Le 30 novembre, le Honduras a légalisé les dons de sang par les personnes LGBTQIA+, levant une interdiction discriminatoire en place depuis 1999.
Le 6 décembre 2024, le premier musée LGBT+ de Pologne a ouvert à Varsovie, un moment historique pour la communauté qui continue de lutter pour l’égalité des droits, dans un pays à forte tradition catholique.
Le 18 décembre 2024, la Cour constitutionnelle de Lituanie a invalidé la « loi sur la protection des mineurs », datant de 2009, qui empêchait de parler aux mineurs des questions LGBT+ dans l’espace public.