40% des adolescents LGBTQ ont « sérieusement envisagé » de se suicider, selon une étude américaine

Des centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont mené en 2015 aux États-Unis une enquête sur les comportements des jeunes, auprès d’un échantillon de 15,624 élèves âgés de 14 à 18 ans, dont les résultats ont été publiés, ce mardi 19 décembre, dans la revue médicale américaine JAMA.

Parmi les participants se définissant comme gays, lesbiennes, bisexuels et en questionnement, 40% ont affirmé avoir « sérieusement envisagé » de se suicider, 34,9% l’ont planifié et 24,9%, tenté de le faire au cours de l’année précédent l’étude.

Les adolescents transgenres n’ont pas été inclus dans l’échantillon général de la population par le gouvernement américain, mais l’étude révèle que le risque est similaire.

Les bisexuels semblent toutefois les plus touchés, avec 46% qui auront pensé à un passage à l’acte, notamment les filles bisexuelles, avec 48%, contre 40% chez les lesbiennes. Les gays à 25,5%.

Des chiffres « exceptionnellement élevés », s’inquiètent les chercheurs. Comparativement, 14,8% des adolescents hétérosexuels ont eu des pensées suicidaires, 11,9% prévu de mettre fin à leurs jours, contre 6,3% qui auront tenté de passer à l’acte, au cours de la dernière année.

Ce sont les « premières estimations » disponibles à l’échelle nationale, ajoutent-ils, évoquant une crise de santé publique très réelle.

Ils espèrent « une prise de conscience générale », de la part des décideurs, cliniciens, parents et notamment des enseignants, a insisté John W. Ayers, l’un des coauteurs de l’étude, épidémiologiste et professeur agrégé à l’université de San Diego. Il appelle à une mise en place d’actions concrètes, dans le programme national.

« Il y a encore trop de jeunes LGBTQ qui grandissent dans des environnements néfastes », a réagi Jason Cianciotto, directeur exécutif de la Fondation Tyler Clementi, étudiant qui s’est jeté en 2011 dans l’Hudson, à 20 km de l’université Rutgers, où il avait fait son entrée un mois plus tôt, victime du harcèlement homophobe de son colocataire.

M. Cianciotto est aussi l’auteur d’une enquête sur « La jeunesse LGBT dans les écoles américaines », dans laquelle il dénonce des statistiques impressionnantes de suicide qui remontent à la fin des années 1980.

Ces chiffres plus récents dévoilent néanmoins « la même information horrible. Combien de fois faudra-t-il encore les répéter pour que les volontés s’éveillent ? », s’est-il indigné.

Dans les écoles plus inclusives ou vigilantes sur la question, les statistiques s’inversent. Mais toutes n’ont pas développé de programme adapté, bien que des groupes nationaux offrent des services d’urgence 24h/24.

« Nos jeunes ne sont pas soutenus, même au sein de leur famille, sinon constamment rejetés, malgré tous les progrès et changement de mentalités suscités par l’adoption du mariage égalitaire, des programmes anti-harcèlement ou contre la discrimination. Beaucoup de chrétiens évangéliques, par exemple, prêchent encore que les enfants LGBTQ iront en enfer. Ces jeunes ne trouvent de refuge ni dans leur foyer, ni à l’église ou l’école. C’est l’ensemble de ces facteurs cumulés, qui les incite à des gestes du désespoir. »

Mathieu Mercuri
stophomophobie.com