Primaire UMP : Victoire décevante pour Sarkozy, défaite prometteuse pour Bruno Le Maire

Les militants UMP ont voté entre vendredi soir et samedi soir pour élire le nouveau président du parti. L’ex-chef d’Etat, Nicolas Sarkozy, a remporté le scrutin avec 64,5% des suffrages, devant ses concurrents Bruno Le Maire et Hervé Mariton. Le taux de participation s’élève à 58,1%.

Un score relativement moyen, même s’il lui assure de rester aux manettes jusqu’à la «primaire ouverte» de 2016. Certaines sources UMP en off confiaient même à l’AFP qu’il s’agissait là d’«un très mauvais score pour Sarkozy. Il n’est pas le roi du pétrole!».

«La volonté de renouveau devra être entendue et respectée», a de son côté prévenu M. Le Maire. Avec ce bon résultat, il distance désormais les autres quadras de l’UMP comme Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez ou François Baroin.

Quant à M. Mariton (6,32%), il s’est félicité «d’avoir rassemblé 10.000 voix», bien qu’il ait disposé «de beaucoup moins de moyens et bien moins d’exposition médiatique» que ses «concurrents».

L’ancien président du mouvement Jean-François Copé, dont la démission forcée en juin dernier pour cause d’affaire Bygmalion a provoqué cette nouvelle élection, a téléphoné à M. Sarkozy pour le féliciter et lui assurer que «toutes les conditions sont réunies pour que notre famille politique soit rassemblée au service de la France».

– ‘L’union n’est pas la soumission’ –

Vers 21h30, Nicolas Sarkozy s’est rendu dans son QG, rue du docteur Lancereaux (Paris VIIIe), sans faire de déclarations mais visiblement décontracté et accompagné de son épouse Carla Bruni-Sarkozy. NKM, Laurent Wauquiez, Luc Chatel puis David Douillet l’ont rejoint quelques instants plus tard. Il est reparti au bout d’une heure sans faire de déclaration. Nicolas Sarkozy sera au journal télévisé de 20H de TF1 ce dimanche.

Ses proches misaient il y a encore quelques jours sur un score d’environ 70%, malgré la campagne jugée réussie de Bruno Le Maire.

S’il garde la cote auprès des militants, l’ancien président, suscite toujours la défiance des Français et des sympathisants de droite qui lui préfèrent désormais Alain Juppé, le maire de Bordeaux et futur concurrent à la primaire, qu’il avait laissé se faire huer sur ses terres, s’attirant les reproches de nombre d’électeurs de la droite modérée.

M. Juppé qui n’a pas voulu s’étendre sur la performance de son rival, est cependant apparu souriant après l’annonce des résultats, adressant ses «félicitations très amicales à Nicolas Sarkozy» et l’invitant à donner à la formation politique, dont il est le fondateur avec Jacques Chirac, «l’élan qu’elle attend».

Autre rival de M. Sarkozy, François Fillon a lui prévenu que «l’union n’est pas la soumission». «Un grand parti moderne accepte la différence ! Pour ma part, je défendrai mes convictions et poursuivrai le travail engagé pour bâtir un véritable projet de redressement de la France», a prévenu l’ancien Premier ministre, également candidat à la primaire de 2016.

«Je prends acte du choix des adhérents et j’invite au respect de toutes les opinions exprimées lors de cette élection», ajoute l’ancien premier ministre, avant de prévenir: «L’avenir de l’UMP dépendra de notre capacité à nous réinventer par le débat et à assumer nos sensibilités avec tolérance.»

«Le résultat de Sarkozy est moyen, mais pas catastrophique, estime un parlementaire filloniste. Le Maire, lui, a fait un très bon résultat. Il s’impose dans le paysage pour 2017. Sarko n’a pas droit à l’erreur!»

Alain Juppé a également salué le «score tout à fait remarquable» de l’ancien ministre de l’Agriculture. Dans l’immédiat, les 29,2 % de Bruno Le Maire sont une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy, donc un motif de satisfaction pour ses deux rivaux déclarés à la présidentielle. Il n’est pas certain que Juppé et Fillon continuent de voir d’un aussi bon œil l’ascension de leur cadet.

Le candidat Bruno Lemaire s’est exprimé devant ses soutiens. Grand gagnant de cette élection, avec près de 30% des voix, un score qui a créé la surprise, le député de l’Eure a rappelé : “je suis et je resterai toujours du côté du rassemblement de ma formation politique”.

Avec Itélé et AFP