PMA pour toutes : Les ministres de droite « mal à l’aise » avec le projet d’ouverture aux couples lesbiens (VIDEOS)

Invitée ce 17 septembre dans l’émission « Dimanche en politique » sur France 3, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, a réitéré l’engagement du gouvernement, précisant que la généralisation de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes serait « probablement » proposée au Parlement l’année prochaine.

Interrogée mardi sur RMC et BFM-TV, elle avait affirmé que cette « promesse de campagne » d’Emmanuel Macron, conditionnée par l’approbation en juin du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), serait « tenu ».

« Nous ne sommes pas en train d’en débattre, pour l’instant, ce n’est pas notre actualité, mais le calendrier précis sera exposé avec le réexamen des lois de bioéthiques », porté par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui l’a encore confirmé jeudi : « la promesse doit être entendue mais nous attendons le rapport final qui sera fait à l’issue de ces états généraux », a-t-elle ajouté, jugeant toutefois cette élargissement de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, effectivement « probable ». Pour 2019 donc…

De son côté, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a émis des réserves, estimant lors du « Grand Jury » RTL-Le Figaro-LCI que cette réforme « pose sans doute un certain nombre de problèmes ». « Il faudra mettre des garde-fous : les lois sensibles peuvent heurter les consciences », a-t-il argué, préférant, dans un amalgame avec la Gestation pour autrui (GPA), proposer « que l’on puisse résoudre le problème du chômage avant de s’attaquer aux problèmes civilisationnels ». « Pour moi, la priorité est toujours économique et sociale ». Enfin, il craint « qu’on ne retrouve pas à un moment donné des gens qui, parce que vous êtes dans le même endroit et que vous recueillez beaucoup [de dons], puissent se retrouver cousins, dans les mêmes lieux, sans le savoir… »

Positions soutenues sur BFM TV par le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, ancien député Les Républicains et farouche opposant à la loi Taubira, qui avait notamment déposé un amendement pour interdire la PMA aux couples de même sexe.

« Notre travail premier c’est de rétablir le budget de l’État, de redonner du pouvoir d’achat. Je respecte Marlène Schiappa, le combat qu’elle mène, je le respecte tout à fait. Mais je rappellerai que notre priorité, c’est l’économie et le social. Viendra ensuite le moment des questions de société. Le président l’a dit, il y aura ce moment de concertation. Il l’a d’ailleurs dit en respectant même les opposants à ce type de questions de société ».

En 2013, en course pour la Mairie de Tourcoing, Gérald Darmanin avait exprimé sur tweeter son refus de marier 2 hommes et 2 femmes, évoquant l’année suivante, en tant que porte parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, l’abrogation du mariage pour tous, sinon sa réécriture. Mais en mai dernier, suite à la polémique suscitée par sa nomination au gouvernement, et de surcroît la veille de l’IDAHOT, « Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie », il a opéré son « mea culpa », reconnaissant un « manque d’expérience qui pousse parfois à dire des bêtises : J’ai appris la complexité de la vie et à manier avec prudence les certitudes. »

Sur France-Info, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et candidat à la présidence de LR en décembre prochain, s’est également prononcé contre le souhait du gouvernement de modifier la législation, craignant « à terme une marchandisation du corps de la femme et les questions de filiation. »

« Derrière, les couples d’hommes qui sont ensemble feront évidemment une revendication d’égalité consistant à dire cette possibilité du droit à l’enfant pour des couples de femmes doit être ouverte pour les couples d’hommes. Ce qui signifie la Gestation pour autrui (GPA) c’est à dire payer une femme pour qu’elle enfante un enfant et ensuite le prendre pour le donner à d’autres personnes. »

Toujours proche de La Manif pour tous, qui dénonce un « décalage avec les aspirations des Français », alors même que 61% y sont favorables, selon le volet « famille » d’un baromètre d’opinion réalisé par BVA en mars 2017 pour la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques des ministères sociaux (Drees), M. Wauquiez prévient : le chemin dans lequel on s’oriente est une « ligne rouge. »

« Je veux qu’on ait un respect pour les couples de même sexe, pour l’amour qu’ils ont et pour les revendications qui sont les leurs. Je pense aussi qu’il faut qu’on ait un respect pour ceux en France qui défendent une autre approche de la famille », a-t-il lancé, rappelant qu’ Edouard Philippe, le Premier ministre, s’y était lui aussi opposé, dans une tribune du 10 février 2013, avec cette promesse de s’y tenir. « Je ne pense pas, je n’espère pas qu’il ait changé d’avis. »

La PMA regroupe les techniques médicales consistant à manipuler spermatozoïdes et/ou ovules pour aboutir à une fécondation et aider un couple infertile ou une femme à avoir un enfant. Elle est souvent associée à la GPA, soit le fait d’avoir recours à une « mère porteuse », interdite en France et qui ne sera « pas proposée par le gouvernement au cours de ce quinquennat », a par ailleurs insisté Mme Schiappa, taclant dans la foulée Laurent Wauquiez, le « cynique », qui « fait semblant de ne pas comprendre » et mélange à dessein « pour faire peur et instrumentaliser un certain nombre de débats. »

Valentine Monceau
stophomophobie.com