Urgence Tchétchénie : plusieurs militants LGBT arrêtés à Saint-Pétersbourg en marge d’un rassemblement solidaire (VIDEOS)

Les témoignages continuent d’étayer « tortures et assassinats d’homosexuels » partout dans les agences de presse à travers le monde. Les méthodes employées sont terrifiantes. « Coups, humiliations, décharges électriques… » et des dizaines de disparus, selon des rescapés. Les policiers fouillant systématiquement les téléphones portables, d’autres « suspects » sont régulièrement appréhendés. De nombreuses sources, y compris au ministère de l’Intérieur, permettaient déjà d’affirmer qu’au moins trois hommes étaient morts. Un premier en prison et les deux autres tués par leur propre famille après avoir été libérés. Novaïa Gazeta poursuit ses investigations, par devoir d’information. Mais la journaliste, Irina Gordienko, à l’origine des révélations, a été contrainte de quitter la Russie, menacée par le Grand Mufti de Tchétchénie.

Pour les autorités locales, ces allégations ne sont que des « mensonges calomnieux ». Tout simplement parce qu’« aucun Tchétchène n’est homosexuel », avait déjà déclaré le porte-parole de Ramzan Kadyrov. Celui de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, rétorque qu’il n’y a pas non plus de preuve. Et le Kremlin ne pouvant rien « confirmer » en l’état, il n’y a « aucune raison de douter des affirmations de M. Kadyrov ». Mais le bureau du procureur général de Russie a officiellement ouvert une enquête ce 24 avril. « Aucune plainte » toutefois de victime là encore, sinon « totalement dépersonnalisée », ajoute Tatiana Moskalkova, déléguée russe pour les droits de l’Homme.

L’antenne moscovite de l’ONG « Ligue LGBT », qui a mis en place une évacuation d’urgence, assure recevoir trois à quatre demandes d’aide par jour de la part de ces « fugitifs » Tchétchènes.

Sir Alan Duncan, député anglais et ministre d’État au Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, s’est exprimé ce 20 avril au Parlement britannique, corroborant les annonces d’une « éradication massive et planifiée » d’ici le début du Ramadan, soit la fin du mois de mai. La communauté internationale doit faire pression sur Poutine.

Ces informations, « combinées aux déclarations des responsables tchétchènes qui semblent soutenir les violences, sont une cause d’inquiétude profonde », a par ailleurs défendu jeudi dans un communiqué Sara Bloomfield, directrice du Musée Mémorial américain de l’Holocauste, soulignant que les homosexuels avaient aussi été persécutés par les nazis pendant la Shoah.

« L’Holocauste nous enseigne ce qui peut arriver quand des violences soutenues par l’Etat sont autorisées à se déchaîner contre un groupe », a-t-elle regretté, exhortant les gouvernements tchétchènes et russes à garantir la sécurité de toutes les communautés au sein de la Fédération.

Dénonçant cette même « tyrannie », une vingtaine de manifestants ont bravé ce lundi les interdictions de « propagande », pour protester solidairement en marge du défilé de ce 1er mai à Saint-Pétersbourg.

Allongés sur l’artère principale de la ville, pour certains couverts de faux sang, ils ont réclamé la traduction du président Kadyrov, « leader barbare », devant un Tribunal pénal international.

« Les autorités tchétchènes refusent d’aider ces personnes, elles nient même leur existence et le fait qu’il y a un problème », ont-ils scandé.

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Plusieurs ont été interpellés par des policiers antiémeutes : 18 selon le site d’information Fontanka, 17, estime l’organisation OVD-Info, spécialisée dans le monitoring des manifestations, rapporte l’AFP.

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a par ailleurs adopté, devant les 47 États membres parmi lesquels 18 Russes, une résolution ce 25 avril condamnant fortement cette « persécution à grande échelle orchestrée par l’État, d’un groupe ciblé en raison de ses orientations sexuelles. » Le texte fait suite aux recommandations déjà prononcées par l’organisation en 2010 mais qui n’ont « toujours pas, dans l’ensemble, été mises en œuvre ».

Terrence Katchadourian
stophomophobie.com