Tweets homophobes et menaces contre Jean-Luc Romero-Michel : L’insupportable et ordinaire homophobie sur les réseaux sociaux

Une peine de trois mois avec sursis a été requise ce jeudi à l’encontre d’un homme qui était poursuivi pour des insultes et des menaces de mort homophobes proférées sur Twitter à l’encontre de Jean-Luc Romero-Michel, conseiller régional, adjoint au XIIe arrondissement de Paris et militant associatif. Un moment de vérité que le président d’Elus Locaux Contre le Sida attendait, comme il le souligne dans une tribune publiée sur le Huffingtonpost, pour « enfin pouvoir essayer de comprendre comment on en vient à menacer de mort quelqu’un qu’on ne connaît même pas ».

Lors de sa comparution au Tribunal en octobre dernier, le prévenu s’était présenté sans avocat et le procès renvoyé. Et, ce 4 février, à la barre, cet ingénieur des mines, grand barbu au visage émacié, a assuré ne jamais avoir envoyé les messages ni d’ailleurs connaître Jean-Luc Romero. Son avocat a demandé la relaxe plaidant l’absence de preuves. Son client est passible de 5 ans de prison et 75 000 € d’amende. Jean-Luc Romero-Michel a réclamé 1 € symbolique en dommages et intérêts.

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>> Aujourd’hui, je suis au TGI de Paris après ma plainte contre ces homophobes cachés derrière un profil anonyme. Vous savez un de ceux qui, terré derrière son écran, se croyant à l’abri, balance des insanités et des injures, dit des saloperies, appelle au meurtre. Un de ces professionnels de la haine qui a trouvé, comme terrain de jeu favori, les réseaux sociaux…

Des messages de ces imbéciles, j’en reçois tous les jours. Est-ce que cela me fait plaisir ? Non, les choses pathétiques m’inspirent peu, sauf de la pitié. Est-ce cela me freine dans la détermination qui est la mienne à porter mes combats en faveur de l’égalité des droits ? Non plus et je vais même vous dire : cela ne fait que renforcer mon énergie !

Enfin, aujourd’hui, je veux comprendre pourquoi une personne, que je ne connais pas, veut ma mort. Je vous avoue que j’attends avec impatience les silences, les explications en forme de “ce n’est pas moi”, le côté mielleux et un peu honteux de la personne prise la main dans le sac, les excuses tout en rondeur et en fausse sincérité. Tout ça ne m’expliquera pas pourquoi quelqu’un que je ne connais pas voulait me menaçait et souhaitait mon malheur… Parce que je suis homosexuel ? Parce que je suis marié à un autre homme ? Parce que je suis un militant de l’égalité des droits LGBT ?

Ce que moi, je veux expliquer, c’est que l’amour homosexuel est aussi respectable que l’amour hétérosexuel. Que cet amour, il est beau, simplement beau et que cet amour mérite d’être fêté et non sali de manière dégueulasse. Que l’égalité des droits, c’est simplement vouloir une République où personne n’aurait à rougir devant sa devise.

Ce que je veux expliquer aussi c’est que les insultes homophobes ont un impact terrible. Pas forcément sur moi – j’ai quand même 30 ans de militantisme derrière moi ! – mais pour des jeunes homosexuels. Rendez-vous compte : d’après un rapport rendu au Sénat en 2013 par l’association Le Refuge, 30% d’homosexuels de moins de 25 ans tenteraient de se suicider chaque année en France. Cette donnée, ce chiffre un peu froid renvoie à des souffrances, des blessures, des vies brisées… Derrière ce chiffre, c’est de harcèlement dont on parle !

Ce que je veux expliquer à ceux qui se croient en toute impunité cachés derrière leur écran, c’est que les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non-droit. Que les droits de l’homme et leur respect ne s’arrêtent pas au clavier d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone. Oui, les utilisateurs des réseaux sociaux ont une responsabilité que l’écran n’absout pas ! Sans oublier que les réseaux sociaux ont aussi une responsabilité et je me réjouis des récentes déclarations de la direction de Twitter.

Ce que je veux expliquer enfin à tous les homophobes planqués derrière les écrans, c’est que je suis plus fort qu’eux. Je suis marié. Heureux. Amoureux. Homosexuel. Militant. Je suis tout ça et fier de l’être !