Thérapie de conversion : « The Miseducation of Cameron Post » crée l’émotion à Sundance (VIDEOS)

C’est le deuxième film de la réalisatrice et productrice irano-américaine Desiree Akhavan (Appropriate Behavior), adapté d’un roman éponyme d’Emily M. Danforth, « La mauvaise éducation de Cameron », ou l’histoire d’une adolescente envoyée, au milieu des années 90, dans une pseudo-clinique, spécialisée dans les thérapies dites de « conversion », après avoir été « surprise » avec la « reine de la promo » de son lycée.

Elle y sera malmenée, avec d’autres, par une « pieuse thérapeute » et ses sbires trop zélés, persuadés que l’homosexualité est une maladie mentale, résultant d’une confusion des genres.

« Difficile d’interpréter le rôle sans la diaboliser », a expliqué à l’AFP Jennifer Ehle, qui revêt le personnage de l’infâme marâtre : « elle tient à ces enfants et pense vraiment les aider. Ces gens pensent vraiment qu’ils sauvent ces jeunes de la damnation », remarque-t-elle. « Mais ils sont dangereux. »

Soutenues par les organisations conservatrices et religieuses, prônées d’ailleurs par l’administration Trump, tandis que l’ancien président Barack Obama souhaitait y mettre un terme, ces pratiques censées « guérir » les LGBT+ sont toujours d’actualité. Et dans une quarantaine d’Etats américains, des écoles proposent encore d’aider de jeunes gens à « se débarrasser de leur abominable sexualité ».

L’actuel vice-président, Mike Pence, a même tenté de les subventionner avec des fonds publics, lorsqu’il était parlementaire dans l’Indiana, souligne Chloë Grace Moretz, la jeune actrice qui campe le rôle de Cameron. « L’exécutif y croit totalement. Il y a deux semaines encore, le (Congrès du) New Hampshire a voté contre son interdiction ».

Le film a remporté le premier prix du prestigieux festival de Sundance, qui s’est clôturé ce samedi 27 janvier. Le quotidien de cette ado, envoyée de force dans l’un de ces centres, par ses oncle et tante, chez qui elle vivait depuis la mort de ses parents, dans un accident de voiture, a en effet enthousiasmé la critique lors de sa présentation en première mondiale à la grand-messe du cinéma indépendant qui se tient chaque année à Park City dans l’Utah.

« Au nom de toute l’équipe de Cameron Post, nous voulons dédier (ce prix) aux LGBTQ qui ont survécu à ces thérapies », a ajouté Chloë Grace Moretz. « Nous voulions faire ce film simplement pour mettre en lumière le fait qu’il est illégal de pratiquer des thérapies de conversion sexuelle dans seulement neuf Etats sur les 50 que compte ce pays », a-t-elle conclu.

En décembre 2016, Malte est devenu le premier pays européen à interdire ces « traitements ». En France, aucune loi ne les exclut explicitement ou ne prévoit de réponse pénale contre ces « praticiens ». Une pétition, initiée par Aurélien H., que nous soutenons, est toujours en ligne sur la plateforme Change.org