« Ce qui fait le parent c’est avant tout l’engagement inconditionnel et indissoluble pour l’enfant », Irène Théry

Alors que le gouvernement s’apprête à réviser les lois de bioéthique à l’automne prochain, un sondage de l’Ifop pour « La Croix » et le Forum européen de bioéthique montre « une évolution majeure » des Français sur les questions notamment de procréation.

Six personnes interrogées sur dix (60%) estiment ainsi que les couples de femmes homosexuelles devraient pouvoir recourir à la PMA (insémination artificielle) et 64% se disent également favorables à ce que l’on autorise en France le recours à une mère porteuse ou GPA (gestation pour autrui) dont 18% « dans tous les cas » et 46% « pour des raisons médicales seulement ».

Des chiffres, publiés ce 3 janvier, qui confortent une précédente enquête Ifop parue en septembre 2017, montrant qu’au moins 64% des Français se prononçaient pour l’ouverture de la PMA à toutes les femmes.

Pour Irène Théry, sociologue spécialiste de la famille et directrice d’études à l’EHESS, ces résultats ne sont pas surprenants, ils montrent simplement une « évolution progressive et constante » sur les trente dernières années, à laquelle « il est temps de s’accorder. »

« Un écart s’est creusé entre la perception que les Français ont des enjeux de PMA et de GPA et le discours politique. Les raisons de cette évolution ne sont pas la montée de l’individualisme exacerbé ou l’inconscience, comme semble le dire La Croix, mais bien l’affirmation de valeurs nouvelles très fortes. Les Français ont des nouvelles conceptions du lien de couple et de filiation en général. L’ancien modèle traditionaliste (un papa, une maman et un enfant fondé sur une procréation en mariage) n’est plus le seul valable » explique la sociologue sur LCI.

« Il y a des gens favorables au mariage, à l’adoption pour les couples de même sexe mais contre la PMA. C’est avec eux qu’on doit parler. Il ne faut pas faire de “La manif pour tous” les représentants de tous ceux qui se posent des questions », insiste Irène Théry, invitant la classe politique à « entendre » cette adhésion à ces changements.

« Il faut dire qu’il existe des gens en mal d’enfants – parce qu’infertiles ou homosexuels – capables d’élever merveilleusement des enfants et qui n’ont presque aucune chance d’adopter des enfants. Il faut dire que la PMA est une invention merveilleuse qui ne fait que du bonheur. Il est grand temps que la défiance de principe disparaisse. Il est grand temps de faire une place au soleil aux familles issues de don, que ce don soit de sperme, d’ovocyte, d’embryon ou de gestation ! »

Plus que jamais, nous devons rester « mobilisé.e.s ». Les Français sont tous invités à participer aux États Généraux de la Bioéthique, organisés par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en lien avec les Espaces éthiques régionaux. Des questionnaires sont déjà en ligne. Vous êtes invités à partager vos avis. Il suffit de quelques minutes. Et si vous souhaitez vous impliquer dans les débats, il est nécessaire de vous inscrire. Vous trouverez toutes ces infos, réactualisées, sur notre page dédiée.