Tristesse d’un monde muet de tolérance : “Je ne voulais pas ressembler à un monstre” :

Lundi à 15h30, Nathan Verhelst a choisi de s’en aller. Euthanasié après une opération de changement de sexe, il était né dans le corps d’une fille qui le retenait prisonnier. Quelques heures avant sa mort, il a raconté son histoire à Het Laatste Nieuws.

media_xll_6167933Nathan est né à Hamme il y a 44 ans, sous le prénom de Nancy. C’était la seule fille d’une famille qui comptait déjà trois garçons. “J’étais la fille que personne ne voulait”, confiait-il à Het Laatste Nieuws, 24 heures avant son décès. “Pendant que mes frères étaient chouchoutés, j’avais une remise au-dessus du garage qui me servait de chambre. “Si seulement tu avais été un garçon!“, me disait ma mère. J’étais toléré dans la famille, sans plus.”

A l’adolescence, Nathan a découvert – et pas sous l’influence de sa famille d’après lui – qu’il se sentirait mieux dans le corps d’un homme. “Je me rasais en cachette, je portais des jeans serrés et je tombais amoureux des femmes.”

“Dégoûté de moi-même”
Son véritable rêve, c’était de subir une opération pour changer de corps. Elle est intervenue en trois phases: une cure d’hormones en 2009, une amputation de la poitrine et un nouveau sexe en 2012. Mais aucune de ces opérations n’a été jugée satisfaisante par Nathan.

“J’étais prêt à célébrer ma nouvelle naissance”, poursuit Nathan. “Mais quand je me suis regardé dans le miroir, j’étais dégoûté de moi-même. Ma nouvelle poitrine ne correspondait pas à mes attentes et mon nouveau pénis avait des symptômes de rejet. Je ne voulais pas être un garçon dans un corps d’homme, mais encore moins un monstre.”

A sa demande, Nathan a été euthanasié hier. Une dizaine d’amis était au courant de sa démarche. Sa famille a quant à elle été avertie ce matin, via un message d’adieu posté par Nathan. “J’ai vécu des moments heureux, mais la balance penche du mauvais côté”, expliquait-il.

Selon le médecin, Wim Distelmans, toutes les conditions à l’euthanasie ont été respectées.