Discriminations : Quand l’Eglise mormone propose son soutien à toute législation protégeant les LGBT

>> Top Mormons: ‘Balance’ gay and religious rights

Ce n’est pas encore un Vatican II, certes non. Mais l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, autrement dit les mormons, multiplie pourtant ces mois-ci les petits aggiornamentos. Le dernier en date concerne ses relations avec les homosexuels qu’elle considérait, il n’y pas si longtemps encore, comme victimes d’une maladie comparable à l’alcoolisme.

Les paroles conciliatrices ont été prononcées le 27 janvier, lors d’une très formelle conférence de presse organisée à Salt Lake City, dans l’Utah, l’un des bastions américains de cette religion qui revendique son appartenance, contestée par certains, au christianisme.

Trois membres du quorum des douze apôtres, l’une des plus hautes instances de cette Eglise, étaient présents ce jour-là, accompagnés d’une responsable de la présidence générale des jeunes femmes. L’objet de cette réunion, dont les mormons ne sont pas coutumiers, était de proposer une sorte de compromis aux défenseurs des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels, auxquels ils s’étaient souvent heurtés par le passé : le soutien de l’Eglise mormone à toute législation protégeant homosexuels et transsexuels contre les discriminations à l’emploi ou au logement, en échange du respect de la liberté religieuse et des valeurs de ses fidèles, traditionnellement hostiles à ces modes de vie.

Ce compromis – les responsables mormons ont nié tout changement de doctrine – vaut-il pour le mariage homosexuel, contre lequel ils ont fait souvent campagne, notamment en Californie en 2008 ? La formule très générale étendant cette protection législative « aux autres domaines » dans lesquels ces personnes sont de fait discriminées peut le laisser penser. Alors qu’une majorité des Etats américains, dont l’Utah, reconnaît désormais ce type d’union, la Cour suprême des Etats-Unis, qui a décidé de s’en saisir, pourrait rendre un arrêt historique avant l’été.

S’inspirer de patriarches de l’Ancien Testament

Trois mois auparavant, c’est déjà le sujet du mariage qui avait précipité une importante mise au point de la part des mormons, mais une forme de mariage pluriel : la polygamie pratiquée par le fondateur de ce culte singulier au début du XIXe siècle.

Joseph Smith justifiait cette multiplication des unions, en même temps qu’il attirait autant de fidèles, par un commandement divin de s’inspirer de certains patriarches de l’Ancien Testament. Ce n’était plus un secret pour personne.

A l’heure d’Internet, il devenait cependant impossible d’opposer un silence compassé aux demandes d’éclaircissements en interne. Et c’est ainsi qu’une explication fort détaillée a été mise en ligne en novembre 2014 sur le site officiel de l’Eglise de Jésus-Christ des saints du dernier jour pour mettre en perspective ce qui avait poussé à convoler plus que de raison le prophète des mormons, lynché en 1844, dans l’Illinois, à l’âge de 38 ans, par une foule particulièrement rétive à ses visions mystiques.

Les recoupements n’ont pas permis d’aller au-delà d’une estimation maximale de 40 épouses, certaines déjà mariées à certains de ses proches. Selon le document, la plus âgée avait dépassé la cinquantaine et la plus jeune à peine 15 ans, sans que cette union n’ait été cependant consommée. La polygamie allait bon train : 29 hommes pour 50 femmes en 1844, soit 1,72 femme par homme ; 196 hommes pour 521 femmes trois ans plus tard, soit 2,65 femmes par homme. Mais ce principe finit pas se heurter aux lois prosaïques de l’Etat américain. En 1890, ordre fut donné aux mormons de demeurer désormais sourds aux exhortations surnaturelles.

Indifférence polie

Ce souci de vérité est à ce point partagé par les fidèles de l’église mormone qu’il avait poussé un instant le plus célèbre d’entre eux, Mitt Romney, polycandidat à la présidentielle, à envisager une troisième candidature pour 2016 pour laquelle sa foi et le souci de l’autre qu’elle implique ne seraient plus dissimulés comme un héritage honteux, mais portés en étendard.

Avant qu’il ne renonce, vendredi 30 janvier, l’idée avait été complaisamment exposée par des proches de l’ancien gouverneur du Massachusetts dans la presse américaine, histoire de voir comment elle serait accueillie. Le « vrai » Mitt, aurait été masqué en 2012, lors de son affrontement avec le président sortant, Barack Obama, par la stratégie visant à mettre en avant ses qualités d’homme d’affaires qualifié pour ravauder l’économie américaine.

L’heure étant aujourd’hui à la classe moyenne et à ses tourments, la charité ayant retrouvé la cote, la tactique était jouable. A condition cependant qu’elle parvienne à insuffler un peu de curiosité. Confronté à une indifférence polie depuis qu’il avait fait savoir qu’il n’avait pas renoncé à la fonction suprême, M. Romney a finalement décidé de laisser sa foi s’épanouir dans la discrétion qui sied aux choses de l’esprit.

Par Gilles Paris
Le Monde

>> Calling for “fairness for all,” top Mormon leaders said Tuesday that the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints would support certain “reasonable safeguards” for gays and lesbians in housing and employment while pushing for national legislation to protect “vital religious freedoms” for those who object to them.

The announcement, in a rare news conference, stressed that the church was not announcing any change in its doctrine or teachings, only a “balanced approach” to “overcome the sharp divisions and present cultural divide in our nation” over rights for lesbian, gay, bisexual and transgender people, and what it called “the erosion” of religious liberty.

“We must all learn to live with others who do not share the same beliefs or values,” the four leaders — three male apostles, called elders, and one influential woman — said at the news conference in Salt Lake City, where the church is headquartered.

“We call on local, state and the federal government to serve all of their people by passing legislation that protects vital religious freedoms for individuals, families, churches and other faith groups while also protecting the rights of our LGBT citizens in such areas as housing, employment and public accommodation in hotels, restaurants and transportation — protections which are not available in many parts of the country,” said Elder Dallin Oaks.

At the same time, the church also wants exemptions from those laws if they conflict with someone’s religious beliefs.

Oaks said attacks on religious freedom were increasing. He cited four examples, including the University of California denying recognition to Christian-student groups, and lawyers in “one of America’s largest cities” subpoenaing sermons and notes of pastors who opposed a gay-rights measure.

Sister Neill Marriott of the church’s Young Women general presidency, said the debate is “about how to affirm rights for some without taking away from the rights of others.”

She noted the LGBT movement “arose after centuries of ridicule, persecution and even violence against homosexuals. Ultimately, most of society recognized that such treatment was simply wrong, and that such basic human rights as securing a job or a place to live should not depend on a person’s sexual orientation.”

But she then stated that the church “believes that sexual relations other than between a man and a woman who are married are contrary to the laws of God.”

The church opposes gay marriage, which is now legal in Utah, and believes it has the constitutional right to follow its own rules at LDS-run schools, charities and for-profit businesses.

The declarations by one of the most powerful forces in Utah came just two days into the new session of the Republican-dominated state legislature, which is expected to take up long-stalled bills on nondiscrimination and religious freedom. The move “brings the discussion to the forefront,” the Senate majority leader told the Deseret News.

In 2009, the church for the first time endorsed gay-rights measures, backing Salt Lake City ordinances that banned discrimination in housing and employment based on sexual orientation or gender identity. Both ordinances contain religious exemptions, and several other Utah municipalities adopted similar measures.

“Accommodating the rights of all people — including their religious rights — requires wisdom and judgment, compassion and fairness,” said Jeffrey Holland, another elder who spoke Tuesday. “Politically, it certainly requires dedication to the highest level of statesmanship. Nothing is achieved if either side resorts to bullying, political point scoring or accusations of bigotry.”

Saying it endorsed the principles the church leaders laid out, the conservative Sutherland Institute reiterated its position that “protection of religious freedom for individuals and organizations” must be reflected in any legislation.

“Residents of Utah and citizens everywhere are entitled not just to belief, but also to the free exercise of their religious beliefs and moral conscience — both in private and in public,” said the institute, which has lobbied against statewide anti-discrimination legislation.

Equality Utah praised the Mormon leaders’ statement on nondiscrimination, saying the church “joins a growing number of faith, civic and corporate leaders who also stand on the side of compassion and fairness. We believe that gay and transgender Utahns can live and work beside people of faith.”