« Pied de nez à la Russie » : L’Estonie autorise l’union civile pour les couples de même sexe

>> Estonia becomes first former Soviet state to legalise Same-Sex Partnerships

[spacer]

Ce jeudi, l’Estonie est devenue « la première des ex-Républiques soviétiques » à ouvrir l’union civile aux conjoints homosexuels, avec une loi qui permet également l’adoption.

« La société estonienne ne survivra pas si ses membres font preuve d’intolérance à l’égard de leurs compatriotes. Nous sommes trop peu nombreux pour discriminer qui que ce soit », a déclaré le président Toomas Hendrik Ilves : « Les sociétés qui respectent les droits de l’homme permettent aux couples homosexuels de mener une vie de famille sans faire face à la désapprobation sociale et à la discrimination ».

Adopté lors d’un scrutin très serré, le texte baptisé « Acte de cohabitation », a recueilli 40 voix pour, 38 contre et dix abstentions, tandis que 13 députés étaient absents, dans une chambre qui compte 101 sièges. Plusieurs autres lois devront encore être amendées pour qu’il entre en vigueur le 1er janvier 2016. Un régime d’union civile, pour les couples tant homosexuels qu’hétérosexuels, similaire à la législation existante dans 14 autres pays européens.

Jusqu’au jour du vote, l’issue du scrutin est restée incertaine. En effet, l’absence de ligne claire au sein de certains groupes parlementaires pouvait faire pencher la balance dans un sens comme dans l’autre. La proposition avait certes été déposée par 40 députés (sur 101) issus de trois des quatre formations politiques présentes au Riigikogu (18 élus du Parti de la Réforme, 13 du Parti social-démocrate, 6 du Parti du Centre, plus un député non-inscrit), mais seul le Parti social-démocrate la soutenait officiellement. Le Parti de la Réforme et le Parti du Centre ont laissé le libre choix à leurs élus et l’Union pour la Patrie/Res Publica (IRL) s’y est opposée. Cette incertitude s’explique aussi par le fait que le projet ne figurait pas dans le programme du gouvernement de Taavi Rõivas (Réforme) formé quelques semaines plus tôt.

Le projet aura donc suscité une importante controverse dans ce pays balte, membre de l’Union européenne et de l’OTAN, qui compte 1,3 million d’habitants, en grande majorité athées. Un sondage de l’institut EMOR a récemment révélé que deux Estoniens sur trois y étaient opposés.

Quant à l’adoption par les couples homosexuels, la nouvelle loi l’autorise sous certaines conditions. Elle en ouvre aussi la possibilité aux couples dont les deux membres sont stériles.

Ces dispositions sont à l’opposé de la législation et du discours politique dans plusieurs autres pays de l’ex-URSS, et notamment en Russie. « Dans la société soviétique, celui qui était différent était un ennemi. Y compris pour cause d’orientation sexuelle différente, elle-même punissable », a déclaré le président social-démocrate du Parlement Eiki Nestor. « Le seul fait que cette loi soit passée rendra notre société plus tolérante ! »

Un militant des droits des homosexuels, Rain Uusen, s’est félicité du texte qui accorde également aux partenaires de même sexe, les mêmes droits qu’aux hétérosexuels en matière de droit justement et de santé.

Les adversaires de la loi, dont notamment la « Fondation pour la protection de la famille et de la tradition », appuyée par des organisations américaines similaires et autres milieux catholiques, avaient mené une campagne vigoureuse, dénonçant une tentative de « saper les bases morales de la société ».

Mais les partisans du texte, dont des personnalités locales du spectacle, avaient réuni 17 000 signatures sur Facebook et remis des centaines de fleurs aux députés en leur demander de voter pour. Le scrutin (40 voix pour, 38 voix contre et 10 abstentions) démontre toutefois que les initiateurs du projet ont eu du mal à convaincre au-delà de leurs rangs et que l’adoption fut menacée par l’absence de certains partisans. On peut supposer que certains députés ont préféré s’abstenir plutôt que de s’engager clairement et d’en subir les conséquences politiques et que le texte était soutenu un peu plus largement que le vote ne l’affiche.

[spacer]

>> Estonia on Thursday became the first former Soviet nation to legalize gay partnerships, while Kyrgyzstan — another ex-Soviet republic thousands of kilometers east — considers anti-gay legislation.

The parallel moves reflect starkly divergent paths taken by the countries that once were parts of the Soviet empire.

In Estonia, lawmakers voted 40-38 vote to approve a partnership act that recognizes the civil unions of all couples regardless of gender. Twenty-three lawmakers were absent or abstained in the third and final reading of the bill.

The new law will gives those in civil unions — heterosexual or gay — almost the same rights as married couples, including financial, social and health benefits provided by the government and legal protection for children. It does not give adoption rights for couples in such unions but does allow one partner to adopt the biological child of the other.

It comes into force in January 2016, after it has been signed by President Toomas Hendrik Ilves who supported the bill.

The Estonian Human Rights Center hailed the vote as “historic,” saying it would send a strong message to neighboring Russia, which passed what it called “a draconian anti-gay law” last year.

“Estonia (has) made a leap toward a society that is freer, more equal and values human rights for all,” the group’s director, Kari Kasper, said.

The United States also welcomed the new law.

“The U.S. government supports equal treatment under the law for all groups and believes the new cohabitation bill extends important rights and protections to unmarried couples and their families,” the U.S. Embassy in Tallinn said in a statement.

In contrast with Estonia, lawmakers in Kyrgyzstan, a Central Asian nation about 3,500 kilometers (some 2,170 miles) east, on Thursday began considering a bill that would make gay “propaganda” punishable by a prison term of up to one year.

Kyrgyz rights activists saw the bill as a copycat version of a Russian law adopted last year that prohibits vaguely defined propaganda to minors of “non-traditional sexual relations” and has provoked international outrage.

Kyrgyzstan, an impoverished mostly Muslim Central Asian nation on China’s mountainous western border, has cultivated close ties with Russia and aspired to become a member of a Moscow-led economic bloc. The bill’s authors have described it as a necessary measure to support “traditional family values.”

Estonia, which like Baltic neighbors Latvia and Lithuania was occupied by the Soviet Union for almost five decades, is considered the most Western-oriented of the former republics, with a long history of cooperation with its liberal-minded Nordic neighbors.

However, there has been little tolerance of gays in the small Baltic nation of 1.3 million, particularly among the sizeable ethnic-Russian minority and in rural areas where traditional values prevail.

The law has been under preparation for years and stirred one of the fiercest public debates since the country regained independence in 1991.

avec AFP