Persécution des LGBT Cubains : « Si quelqu’un doit en assumer la responsabilité, c’est moi ! », Fidel Castro

En août 2010, l’ex-président cubain, « héros des déshérités », leader historique de la Révolution, Fidel Castro, qui avait quitté le pouvoir pour raison de santé depuis quatre ans, rappelle les Inrocks, regrettait dans le journal mexicain, La Jornada, sa culpabilité pour la persécution des homosexuels, affirmant néanmoins sa volonté ensuite de faire évoluer une société traditionnellement machiste. « C’était des moments d’une grande injustice, une grande injustice ! », répétait-il.

Longtemps considérés comme « intrinsèquement contre-révolutionnaires », l’homosexualité étant qualifiée de « déviation incompatible avec la révolution », les personnes LGBT, en particulier les hommes gays, étaient systématiquement envoyés en prison, « sans inculpation ni jugement » de la part de l’État.

En 1965, le régime a mis en place des camps de travail carcéraux appelés « Unités militaires d’aide à la production », (UMAP), une idée de Fidel lui-même, empruntée à l’URSS, où des homosexuels, témoins de Jéhovah et d’autres populations « indésirables », jugés hors de l’idéologie communiste, furent envoyés. On estime que 200 camps de ce genre ont existé à Cuba jusqu’à leur abolition en 1968.

Les survivants ont témoigné des maltraitances, tortures et même des menaces d’exécution. Ils devaient en outre porter une mention spéciale sur leurs cartes d’identité indiquant pourquoi ils avaient été incarcérés. Beaucoup ont ainsi été renvoyés de leur emploi ou interdits d’adhésion au Parti communiste.

L’écrivain homosexuel Reinaldo Arenas a décrit le traitement que lui et d’autres Cubains gays ont subi. « Les gays ne sont pas traités comme des êtres humains, ils ont été traités comme des bêtes », a-t-il écrit.

Pendant les années 1970, les jeunes garçons perçus comme efféminés ont même été contraints de subir une thérapie en vue de « changer leur orientation sexuelle ».

La dépénalisation des relations entre personnes du même sexe en 1979 n’a guère contribué à mettre fin aux sanctions et préjugés. Dans les années 1980, un grand nombre de Cubains LGBT ont d’ailleurs fui l’île pour vivre à Miami et dans d’autres régions des États-Unis.

Jusqu’en 1993, les séropositifs, étaient également placés en quarantaine.

Et le harcèlement dans les lieux de rencontres ou boîtes de nuit connues pour avoir une clientèle homosexuelle s’est ainsi poursuivi jusqu’à la fin des années 1990. Ils ont été arrêtés, condamnés à une amende ou menacés d’emprisonnement et même battus par des policiers.

Ces dernières années, la politique gouvernementale a néanmoins considérablement évolué.

La fille du président actuel, Raul Castro, et nièce de Fidel, Mariela Castro, s’est révélée être une ardente défenseure des droits LGBT, inaugurant des prides autorisées désormais à Cuba par les autorités. Elle a même voté contre un projet de loi du gouvernement en raison d’un manque de protection de l’identité de genre et organisé symboliquement des mariages de couples homosexuels pour la journée nationale contre l’homophobie.

En 2012, elle s’est prononcée en faveur de Barack Obama, louant son soutien pour les minorités sexuelles.