31 pays africains sur 54 répriment l’homosexualité, dont quatre jusqu’à la peine de mort

Le 28 février dernier, le Parlement ghanéen a adopté un projet de loi exposant désormais toute personne s’identifiant comme LGBT+ (à savoir lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées) à une peine allant jusqu’à trois ans de prison, cinq ans en cas de « promotion » ou « soutien » d’activités LGBT+, voire dix ans s’il s’agit de « campagnes » à destination des enfants. Les relations homosexuelles étaient déjà interdites par la législation héritée de l’ère coloniale. Ce nouveau texte, qui doit encore être approuvé par le président Nana Akufo-Addo, est l’un des plus homophobes du continent.

Une tendance à la flambée.

En mai 2023, c’est l’Ouganda qui s’est doté d’une loi anti-LGBT draconienne, prévoyant la prison à perpétuité pour les actes d’homosexualité, voire la peine de mort en cas de récidive. Certains pays tentent de lui emboiter le pas, comme le Kenya, qui planche sur un projet de loi similaire, ou encore la Tanzanie, où certains députés réclament la peine de mort pour les homosexuels, qui risquent déjà une peine incompressible de vingt ans. Des pays qui ne font pas figure d’exception, comme le rappelle Amnesty International qui dénonce une « guerre juridique homophobe ».

Certains ont pourtant récemment dépénalisé l’homosexualité, comme le Botswana (2021), le Gabon (2020) et l’Angola (2019). Mais 31 États sur 54 la répriment encore, dont quatre jusqu’à la peine de mort, avec des lois qui pour la plupart trouvent leur origine dans l’ère coloniale, spécialement dans les dispositions britanniques contre la sodomie.

« Des copiés-collés », résume sur RFI Larissa Kojoué, chercheuse sur les questions des droits LGBT en Afrique pour Human Rights Watch. « C’est un gros paradoxe : les lois dont les dirigeants se prévalent viennent de l’époque coloniale, mais ils les durcissent pour se différencier de l’Occident ». Et puis, « pour un responsable politique, adopter ce genre de loi, c’est accroître sa popularité à bas coûts, puisque vous n’avez pas besoin de construire des centaines d’écoles, des dizaines d’autoroutes… Il vous suffit de discriminer davantage les homosexuels et vous serez considéré comme un grand politique qui a su préserver les valeurs dites africaines », confirme Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

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