Le Ghana durcit sa législation anti-LGBT+

Les députés ghanéens ont adopté à l’unanimité, mercredi 28 février, un projet de loi élargissant le champ des sanctions pénales à l’encontre des personnes LGBT+ et de leurs sympathisants, ainsi que la promotion et le financement d’activités liées, avec des peines allant jusqu’à 3 et 5 ans d’emprisonnement et 10 ans, si des mineurs y sont exposés.

Le texte, intitulé « Droits sexuels humains et valeurs familiales », était défendu par une coalition de religieux et chefs traditionnels, avec le soutien d’un député de l’opposition, Sam George, auteur du projet. Il a été présenté pour la première fois au Parlement en 2021, en réaction au tollé suscité par l’ouverture du local de l’association LGBT+ Rights Ghana, en banlieue d’Accra, considérée comme une « tentative de promouvoir l’homosexualité dans l’espace public ».

Sam George a d’ailleurs appelé le président Nana Akufo-Addo à promulguer rapidement la loi, plébiscitée par 97% de ghanéens, selon un sondage Afrobarometer de 2023. Ce dernier ne s’est pas encore exprimé mais son mandat prenant fin en décembre prochain, il pourrait choisir de ne pas la valider et écorner son image, après les condamnations internationales, notamment des Nations unies :

« Nous exigeons que ce projet de loi n’entre pas en vigueur. Nous demandons instamment au gouvernement ghanéen de prendre des mesures pour que chacun puisse vivre à l’abri de la violence, de la stigmatisation et de la discrimination, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains, Volker Türk. Il avait lui-même estimé la veille que l’adoption de cette loi était « profondément perturbante, contraire à la Constitution du Ghana, ainsi qu’à ses obligations et engagements régionaux et internationaux librement contractés en matière de droits de l’homme ».

Comme dans 31 États Africains sur 54, les relations entre personnes de même sexe étaient déjà interdites au Ghana, selon le code pénal datant de l’ère coloniale, même s’il n’y a eu aucun cas de poursuite officielle.