Metz : À moins de deux mois de la prochaine Marche des fiertés, la polémique enfle

On savait les relations compliquées entre la municipalité messine et l’association Couleurs Gaies (qui lutte contre l’homophobie et toutes les formes de discrimination). Elles viennent de prendre une tournure encore plus tendue à l’occasion du conseil municipal de jeudi soir. À moins de deux mois de la prochaine Marche des fiertés – elle se déroulera le samedi 13 juin –, la question du soutien apporté par la municipalité à cette manifestation, et plus généralement à la lutte contre l’homophobie, est en effet revenue sur le tapis avec force. Les explications.

Que reproche Couleurs Gaies ?

Jeudi soir, plusieurs membres de Couleurs Gaies ont assisté au conseil municipal. On les a même vus, à un moment de la soirée, debout, un bâillon sur la bouche, pour dénoncer le musellement dont ils estiment être victimes. Selon eux, comme l’explique leur président, Mathieu Gatipon-Bachette, « la Ville de Metz n’est pas du tout à la hauteur dans le domaine de la lutte contre l’homophobie ». Que ce soit sur le plan de l’aide financière allouée (3 000 € par an à Couleurs Gaies contre 10 000 € à Nancy pour une association équivalente), de l’appui logistique (l’association ne dispose d’aucun local) ou du soutien politique.

Car, si André Rossinot ou Laurent Hénart ont déjà défilé dans la rue, à Nancy, lors de la Marche des fiertés, Dominique Gros, lui, ne l’a jamais fait. Couleurs Gaies a donc demandé, il y a quelques mois, à bénéficier d’un soutien accru à l’image de ce qu’il se passe à Strasbourg ou Nancy. Mais c’est une fin de non-recevoir qui lui a été adressée. Ce qui fait dire à Mathieu Gatipon-Bachette que « Metz est une ville un peu coincée… ».

Pourquoi ça dérape ?

S’estimant insuffisamment soutenue, l’association a envoyé un courrier aux élus, leur “interdisant” de participer à la prochaine Marche des fiertés…

Cette lettre a fait l’objet de discussions, jeudi soir, lors du conseil. Deux élus de l’opposition, Christine Singer et Martine Nicolas, ont en effet apporté un soutien clair et ferme à l’association. « Contrairement au maire de Nancy, vous apportez un soutien symbolique quasi-inexistant. Doit-on considérer cela comme un désintérêt pour la cause homosexuelle ou une frilosité ? », a ainsi lancé Martine Nicolas à l’adresse de Dominique Gros. « Cela tient surtout à vos valeurs », a asséné Christine Singer précisant au passage que la Ville de Woippy, elle, soutiendrait cette année la Marche des fiertés de Metz (en apportant un soutien logistique notamment).

Au-delà de la position de la majorité municipale, c’est donc aussi l’attitude du chef de cette majorité, le maire, qui était visée. Mais Dominique Gros, pourtant si enclin à ferrailler avec son opposition dès qu’il est mis en difficulté, n’a pas réagi. Il a soigneusement évité le sujet, laissant l’une de ses fidèles adjointes, Isabelle Kaucic, répondre à ces mises en cause. « J’étais en colère en lisant ce courrier », a expliqué l’élue socialiste avant de dénoncer cet interdit posé par Couleurs Gaies.

Si elle n’a pas répondu précisément sur la question des moyens et du soutien apportés, Isabelle Kaucic a en revanche rappelé, avec fermeté, que « la lutte contre les discriminations avait été définie comme une priorité de la Ville dès 2009 » et qu’elle faisait partie « de ces élus qui ont soutenu la loi dite du mariage pour tous ». « Ne vous trompez pas de cible », a-t-elle conclu en s’adressant à Couleurs Gaies.

Fabien SURMONNE