Bruxelles : un homme transgenre tunisien violemment agressé par des extrémistes religieux

Un ressortissant tunisien de 26 ans, installé à Bruxelles où il bénéficie notamment du statut de réfugié, a été agressé il y a quelques jours devant chez lui par des extrémistes religieux qui le harcelaient déjà depuis des mois. « Traumatisme à l’œil, 3 points de sutures sur le front, 12 sur les mains, 18 à la tête et 17 aux jambes » et d’autres analyses sont en cours, le jeune homme souffrant désormais de déséquilibre et d’évanouissements.

Il a déposé plainte auprès de la police belge et joint au dossier les preuves des précédentes menaces, dont un courrier déposé dans sa boite aux lettres, dans lequel ses agresseurs le traitent « d’ennemi d’Allah » et promettent « de l’éliminer conformément à la loi islamique pour en faire un exemple » et dissuader les jeunes de s’éloigner de la loi religieuse.

« Je n’ai rien fait à ces gens. Je veux vivre ma vie tranquillement. Tant que je ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui, je suis libre. Pourquoi font-ils ces choses-là, et pourquoi se prennent-ils pour des avocats et des soldats de Dieu. Dieu est d’ailleurs et c’est le seul à pouvoir nous juger », a confié Sharky (c’est son surnom) sur Kapitalis.

Les menaces ont commencé sur les réseaux sociaux. Mais il a d’abord essayé de ne pas les prendre trop au sérieux, quand bien même les auteurs se sont revendiqués du groupe État Islamique. Malheureusement, ces dernières semaines, les choses se sont encore aggravées, avec de multiples intimidations en pleine rue, jusqu’à cette attaque qui aurait pu lui coûter la vie.

Sharky est ingénieur du son, originaire de Carthage-Byrsa. Il a été contraint de quitter son pays après avoir été agressé en 2012 par des extrémistes, là encore, en raison de sa transidentité. Victime également des brimades et moqueries, il n’a pas non plus bénéficié du soutien de son père, qui voyait dans sa condition une atteinte à l’honneur de la famille.

Malgré la douleur de son exil, il aspire à « une vie normale ! » Il habite maintenant chez une amie et a été convoqué lundi par la brigade spécialisée dans le traitement des affaires terroristes, un de ses agresseurs ayant à priori été interpellé. Il devra l’identifier.

Mais si le jeune homme est déterminé à aller jusqu’au bout de la procédure, il craint toutefois que son affaire ne fasse écho dans sa famille en Tunisie. « Je ne veux pas les inquiéter… Et dès que je me remettrais sur pieds, je militerais à nouveau dans l’associatif, en Tunisie, même à distance, pour faire valoir les droits des libertés individuelles », conclu t-il.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.org