Loi anti-LGBT : Le président ghanéen renvoie sa décision à l’avis de la Cour suprême

Le 28 février dernier, le Parlement ghanéen a adopté de nouvelles dispositions visant à criminaliser davantage les personnes LGBT+ ainsi que leurs défenseurs et sympathisants, avec des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. L’homosexualité était déjà punie de 3 ans de prison.

Le président Nana Akufo-Addo avait une semaine pour ratifier le texte. Mais il a indiqué, ce 5 mars, conditionner sa décision à celle de la Cour suprême, « saisie d’un recours par un collectif qui a contesté la loi le jour-même de son vote ».

Il a également réaffirmé son « engagement à maintenir la réputation du pays en matière de droits humains », « un héritage de longue date qu’il ne souhaite pas écorner », y ayant dédié sa vie en tant qu’ancien avocat spécialisé.

La veille, le ministre des Finances avait publié un communiqué exhortant le président à ne pas signer la loi, alerté par les condamnations multiples et risques de représailles économiques, notamment de la part du Fonds monétaire international (FMI), qui a estimé que l’adoption d’une telle loi serait contraire à ses principes.

L’institution a accordé un prêt de 3 milliards de dollars au Ghana en 2023, avec des versements étalés sur trois ans. Les prochains pourraient donc poser problème alors que le pays se remet de sa pire récession depuis des décennies.

L’année dernière, la Banque mondiale a déjà suspendu ses financements en Ouganda après la promulgation d’une autre « loi anti-homosexualité », qu’elle a jugée « fondamentalement contraire à ses valeurs et à son objectif d’éradication de la pauvreté ». Elle considère que cet objectif ne peut être atteint que s’il inclut tout le monde, quelle que soit l’ethnie, le genre ou l’orientation sexuelle. Elle pourrait prendre une mesure similaire au Ghana, qui serait privé de quelque 3,8 milliards de dollars (plus de 2,7 milliards d’euros).