« Les personnes touchées par le VIH ou une hépatite deux fois plus discriminées que la population générale ! », dénonce Aides

Dans son rapport 2016, « VIH/hépatites (VHV), la face cachée des discriminations », une enquête réalisée en mars auprès de 1.080 personnes fréquentant les accueils et les actions de l’association, Aides dévoile à l’occasion de la « Journée mondiale de lutte contre le sida » des chiffres alarmants qui témoignent effectivement « du décalage considérable subsistant entre progrès thérapeutiques et perception sociale », comme l’a observé Aurélien Beaucamp, son président.

« Refus de soins directs ou déguisés, différences dans les traitements, non respect du secret médical, attitudes humiliantes… », quelque 30 % de personnes séropositives au VIH et/ou aux hépatites révèlent ainsi avoir subi des discriminations au cours de l’année écoulée. Près de la moitié d’entre elles ont fait l’objet de rejets dans leur vie affective ou familiale et un autre quart, discriminées dans le milieu médical.

En 2015, un « testing » en cabinets dentaires et gynécologiques pointait déjà du doigt ce phénomène. En 2016, l’enquête montre encore que 23,6% des personnes vivant avec le VIH et 27,3% avec une hépatite ont été victimes de rejets par des soignants. Ainsi 10,2% des répondants (toutes sérologies confondues : VIH, hépatite C…) déclarent avoir été confrontés au refus de soins au cours des 24 derniers mois et « sans surprise ce sont les dentistes, les plus fréquemment cités ».

Des rejets qui altèrent la qualité de vie, induisent des réactions d’auto-exclusion, « minent les esprits comme les corps », et éloignent des soins.

Les séropositifs VIH sont deux fois plus nombreux que les autres personnes interrogées à la juger « très mauvaise » (3,8 % contre 1,9 %) et ressentent un isolement plus prononcé (39 % se sentent « plutôt seuls » ou « très seuls », contre 23,8 % pour les autres).

Les sanctions des soignants concernés sont rarissimes, note Aides, estimant que la longueur et la complexité des procédures judiciaires rebutent la plupart des victimes. Mais grâce aux recours collectifs pour discriminations, une avancée inscrite dans la loi « Justice du XXIe siècle » adoptée en octobre, leurs démarches pour faire valoir le préjudice et obtenir réparation seront facilitées.

« La poursuite de cet engagement dans la lutte contre les discriminations et les exclusions est la preuve qu’il faut se mobiliser à tous les échelons de la société. »

Comme le souligne par ailleurs sa dernière campagne d’affichage « Révélations », Aides déplore l’ampleur du rejet des séropositifs dans le domaine sexuel, issue d’une « méconnaissance de l’effet hautement préventif du traitement ».

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« Alors qu’en France les personnes sous traitement VIH sont pour la plupart en bonne santé et non contaminantes, la société persiste à les considérer comme des bombes virales potentielles », insiste Aurélien Beaucamp.

86 % des personnes sous traitement VIH sont aujourd’hui en charge virale (concentration du virus dans le sang) indétectable. Le risque de contamination est donc quasi nul, même en cas de relations non protégées ou de rupture de préservatif.

Ces données corroborent les conclusions de l’enquête KABP menée dans le grand public par l’ANRS en 2010 : « plus les circonstances impliquent un degré d’intimité élevé avec une personne séropositive, moins les répondants ont une attitude favorable ».

La lutte contre le sida et les hépatites virales est une lutte politique. Pour réduire efficacement la dynamique des épidémies, la prévention, les traitements et les soins seuls ne suffisent pas. Il est également nécessaire d’agir sur le contexte juridique et social.

C’est pourquoi, AIDES travaille à changer les représentations, à lutter contre les préjugés et à faire évoluer le droit, afin que la société progresse en faveur de l’égalité de traitement pour toutes et tous.

Joëlle Berthout
stophomophobie.org