Un premier festival LGBT « public » en Birmanie, où l’homosexualité demeure officiellement interdite

Débuts prometteurs pour cette quatrième édition d’« & Proud », qui s’est ouvert ce samedi 27 janvier, avec quelque 6.000 personnes sur les pelouses d’un parc de Rangoun, en Birmanie, et devrait encore se prolonger jusqu’au 4 février prochain.

Ces dernières années, une version très discrète du festival se déroulait déjà dans les jardins de l’Institut français, rappelle l’AFP. Un rassemblement qui attirait entre 2 à 3.000 personnes, pour une programmation très diverse.

Chorales, courses sur talons aiguilles ou lancers de sacs à main, les organisateurs ont voulu miser cette année sur des activités « festives et récréatives ».

Mais sur d’autres pelouses, l’ambiance est plus sérieuse, des bénévoles animent une « bibliothèque humaine » et racontent leurs histoires personnelles, leurs difficultés. Un peu plus loin, une exposition photo sur des couples lesbiens et enfin une série de documentaires.

Peu après est présenté : « This Kind of Love », qui relate la vie d’Aung Myo Min, militant LGBT âgé de 52 ans, de sa participation au mouvement étudiant de 1988 à son engagement dans une armée rebelle pendant cinq années.

« Les gens sont vraiment surpris de voir un gay comme moi sur scène, prononcer un discours politique », explique-t-il.

« Je suis allé dans la jungle qui est totalement dominée par des machos et des règles militaires très strictes. J’ai donc survécu », ajoute-t-il hilare, espérant que son histoire permette de casser les stéréotypes liés aux homosexuels.

Dans ce pays d’Asie du Sud-Est, le code pénal hérité de l’époque coloniale britannique interdit les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Mais si la loi n’est plus appliquée strictement, les militants la jugent responsable de discriminations.

Les tabous s’estompent toutefois, depuis la dissolution de la junte en 2011 et un premier mariage gay symbolique en 2014.

« Tout cela n’est pas seulement pour la communauté LGBT. C’est pour l’ensemble du pays, pour la reconnaissance de l’égalité et des droits humains fondamentaux », estime Hla Myat Tun, co-directeur du festival. Et le succès de l’événement est un encouragement : la prochaine étape, sera pour eux, politique. Pour faire disparaître les lois discriminatoires contre les homosexuels.