Tanzanie : Organisations et militants des droits LGBT menacés de poursuites ou d’expulsion s’ils sont étrangers

En février dernier, après la fermeture d’une quarantaine de centres de santé spécialisés dans la lutte contre le sida, accusés de promouvoir l’homosexualité, le gouvernement tanzanien menaçait de publier des listes d’homosexuels faisant soi-disant commerce de leur corps sur Internet, avant d’y renoncer, par souci de préserver les « preuves à charge », mais avec la promesse de ne rien lâcher.

Ce dimanche, le ministre de l’Intérieur, Mwigulu Nchemba a réitéré les menaces, affirmant que le gouvernement s’engageait désormais dans une traque aux organisations et institutions « qui font campagne et prétendent défendre les intérêts des homosexuels, avec la ferme intention d’aligner les procédures en justice et les expulsions pour les militants étrangers », selon le quotidien gouvernemental Daily News.

« Ceux qui veulent l’homosexualité devraient partir vivre dans les pays qui acceptent ce genre de pratiques (…) S’il y a une organisation dans le pays qui soutient et plaide en faveur de l’homosexualité, elle perdra son enregistrement. Et les étrangers impliqués seront déportés sans le moindre délai. Ils n’auront même pas le temps de retirer leur téléphone portable de la prise électrique », a asséné le ministre, faisant écho au discours déjà très hostile du président tanzanien John Magufuli, exhortant ce jeudi ses administrés à cesser « d’imiter ces pratiques indignes importées de l’Occident », même si cela risque d’entraîner l’arrêt de certaines aides extérieures.

« Ceux qui nous enseignent des choses pareilles ne nous aiment pas, mes frères. Ils nous ont apportés la drogue, les pratiques homosexuelles que même les vaches réprouvent », avait fustigé le chef de l’Etat. « Vous, vous élevez du bétail; mais avez-vous jamais vu une chèvre ou un porc se livrer à ce jeu? Et ces gens veulent que les Tanzaniens s’y adonnent ! »

Illégale dans 38 des 54 pays d’Afrique, l’homosexualité est également punissable en Tanzanie de très lourdes peines de prison, jusque 30 ans. Mais c’est seulement récemment que les autorités ont adopté une rhétorique anti-gay.

En juillet 2016, le commissaire régional de Dar es Salaam avait lancé une série d’arrestations d’homosexuels dans des bars et clubs de la capitale économique du pays.

Au même moment, les autorités interdisaient l’importation et la vente de lubrifiants sexuels, dénoncés cette fois par la ministre de la Santé Ummy Mwalimu comme encourageant l’homosexualité et participant à la propagation du sida.

Valentine Monceau
stophomophobie.com