Nigeria : le procès de 47 « présumés homosexuels » ajourné au mois de février prochain

Ils font partie d’un groupe de 57 personnes arrêtées en aout 2018 lors d’une descente de police, au Kelly Ann, un hôtel de la capitale, Lagos. 47 d’entre-eux comparaissaient, ce mercredi 11 et jeudi 12 décembre 2019, devant la Haute cour fédérale. Ils sont accusés d’homosexualité, un délit passible de 14 ans de prison au Nigeria.

Ils ont plaidé non coupables, mais la police affirme qu’ils participaient à une « soirée d’initiation gay », « un culte secret » encourageant des hommes à se rencontrer pour perpétrer des « faits contre nature ».

Les accusés assurent qu’ils célébraient seulement un anniversaire. Leur avocat, Me Chizelu Emejulu, précise à l’AFP qu’il y avait également des hommes et des femmes à cette soirée, mais « la police a laissé les femmes partir et a gardé les hommes en détention ».

« Certains se trouvaient dans la boîte de nuit de l’hôtel tandis que d’autres se relaxaient dans des chambres lorsqu’ils ont été arrêtés. Notre ligne de défense est très simple, ils ne faisaient rien d’illégal », ajoute Me Chizelu Emejulu.

La police nationale a d’ailleurs échoué à produire « le témoin » qui devait appuyer sa réquisition. Et l’audience a dû être ajournée au 4 février prochain.

Parmi les inculpés, il y a notamment « un chauffeur de taxi, qui apportait le fameux gâteau d’anniversaire, un coursier qui venait livrer une pizza, un autre qui ramenait du linge, ainsi que des clients qui voulaient prendre des chambres. Beaucoup d’entre eux, d’abord libérés sous caution, en attendant le procès, ont ensuite été reniés par leur famille, car la police n’a pas manqué de les exposer devant les chaînes de télévision », dénonce sur CNN, Xeenarh Mohammed, directeur exécutif de l’association TIERS, qui soutient les accusés dans la procédure. « Ils sont depuis constamment attaqué », poursuit-il. Même des commerçants ont même été contraints de fermer boutique « car leur entourage craignait qu’ils homosexualisent leurs enfants ».

En 2014, hostile aux droits des LGBT, l’ex-président Goodluck Jonathan a encore durci la législation fédérale, prévoyant des peines d’emprisonnement pour toutes « les personnes de même sexe qui se lient par un mariage ou un contrat d’union civile » ou « affichent publiquement leur relation ». Le texte élargit les sanctions aux promoteurs, organisateurs ou clientèle de clubs dédiés, aux personnes liées direct ou indirectement à des sociétés ou organisations pro-gay, et pour « non-dénonciation ». La police utilise depuis ce texte pour justifier toutes les arrestations. Et dans certains Etats du nord du pays où la charia est pratiquée, l’homosexualité est même passible de la peine de mort.