Le cardinal ghanéen Peter Turkson : « Les personnes LGBT ne peuvent pas être criminalisées parce qu’elles n’ont commis aucun crime »

Un « projet de loi anti-LGBT », introduit au Ghana à l’été 2021, a finalement été approuvée en juillet dernier par la commission des affaires constitutionnelles, juridiques et parlementaires. Le texte, intitulé « Promotion des droits sexuels de l’homme et des valeurs familiales ghanéennes », durcit la législation homophobe, déjà en vigueur depuis l’époque coloniale, par des peines jusqu’à 10 ans de prison pour la « pratique » mais également la « promotion » de l’homosexualité, sous toutes ses formes. Militants et alliés sont donc désormais passibles de sévères sanctions.

Interrogé sur cette loi, inspirée par l’Ouganda, le cardinal ghanéen Peter Kodwo Appiah Turkson, 73 ans, chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales, s’y est au contraire opposée, réaffirmant dans un entretien à la BBC, ce 27 novembre, que les personnes LGBT+, n’ayant commis aucun crime, ne pouvaient-être criminalisées sur la base de leur orientation sexuelle ou identité de genre.

Une position qu’il ne souhaite pas néanmoins « imposer aux culture qui ne sont pas prêtes », au risque de les exacerber, ou qui conditionnerait « les dons et subventions étrangers », au nom de la liberté et du respect des droits. Mais « il est temps de sensibiliser, d’aider à comprendre cette réalité (…) Nous avons besoin de beaucoup d’éducation pour que les gens fassent la distinction entre ce qui est un crime et ce qui ne l’est pas », a-t-il insisté.

Des propos qui ont suscité de vives réactions, notamment de l’épiscopat du pays, qui a réitéré son soutien au projet de loi et ses condamnations, qualifiant la « pratique homosexuelle » d’« abominable », « contraire aux valeurs chrétiennes, mais aussi aux valeurs traditionnelles musulmanes et ghanéennes », selon le président de la Conférence des Évêques, Mgr Philip Naameh, qui assure cependant plaider « pour le respect des droits des homosexuels ».

Mais dans son entretien, le cardinal avait contredit l’argument de « l’homosexualité étrangère à la société ghanéenne », rappelant qu’une expression dans la langue « akan », l’une des plus pratiquées dans le pays, évoque depuis des lustres « les hommes qui agissent comme des femmes et les femmes qui agissent comme des hommes ». Et puis, il est revenu sur les déclarations du pape François, favorable à une Eglise catholique « inclusive », appelant l’ensemble des pays à décriminaliser l’homosexualité ou jugeant tout récemment que les couples de même sexe pouvaient recevoir la bénédiction, et leurs enfants, ainsi que personnes transgenres, d’être baptisés.