La transphobie ne se débat pas, elle se combat !

Comme chaque année, le 20 novembre, nous avons commémoré le TDOR (Transgender Day Of Remembrance), journée du souvenir trans, afin de rendre hommage à nos mort·es, nos adelphes assassiné·es ou suicidé·e·s, victimes de la transphobie systémique. Entre octobre 2021 et septembre 2022, 390 victimes ont été enregistrées dans le monde, dont 7 en France[1]. Des chiffres très en dessous de la réalité car trop rarement les crimes sont reconnus comme transphobes et trop rarement le désespoir lié à la transphobie quotidienne est pris en compte dans les raisons des suicides.

Depuis des mois, la parole « anti-trans » nauséabonde et haineuse, s’est décomplexée, répandue, banalisée, formant ainsi une alliance improbable entre transphobes de tous bords profitant d’une tribune offerte par des médias et des institutions complices. Une fois de plus la droite, l’extrême-droite, et les courants réactionnaires sont à l’origine de cette stratégie d’irrigation malsaine et malhonnête qu’un patriarcat néolibéral au pouvoir laisse se propager dans un silence et une complicité criminelle insupportable.

L’incitation à la haine porte ses fruits, avec une forte hausse des dépôts de plaintes, atteignant les chiffres de la période du mouvement contre le mariage pour tou·te·sLes attaques viennent de partout et le gouvernement nous abandonne à nos ennemis, pire, certain·es de ses représentant·es osent dire que ce sont des arguments légitimes, d’un débat tout aussi légitime.

Nos vies ne sont pas un sujet de débat, de mise en scène ou de divertissement, laisser entendre le contraire est une injure et une offense à toutes les personnes Trans et LGBQIA+. Manque de courage politique ou positionnements assumés, ce gouvernement se perd dans ses contradictions mais nous ne sommes pas dupes car à travers les personnes trans, ce sont toutes nos communautés, nos orientations, nos identités et nos choix, qu’iels veulent remettre en cause.

Depuis des années nos revendications n’ont pas changé, car rien n’a changé, chaque éléments de nos vies se heurte à des obstacles maintenus par des institutions transphobes. Nos vies, et surtout l’accès aux soins et aux parcours de transition, sont de plus en plus difficiles :

  • Refus de prises en charge et arbitraire des CPAM, non remboursement de certains traitements, attente interminable pour les opérations,
  • Retour à une stérilisation forcée pour les personnes trans exclues de la PMA et qui doivent choisir entre transitionner ou fonder une famille,
  • Accueil toujours aussi déplorable dans les administrations avec des personnels pas formés ni sensibilisés voire hostiles,
  • Changement d’état-civil encore judiciarisé et injuste,
  • Pas de réelle inclusion dans l’éducation, le sport, les espaces publics,
  • Discriminations pour l’accès à l’emploi, aux logements, aux aides sociales,
  • Précarité et difficultés accrues par les différentes crises sanitaires, par les politiques répressives du ministère de l’intérieur à l’encontre des personnes migrantes et/ou vivant avec le VIH et par des conditions de détention qui ne respectent en rien la vie des personnes trans,
  • Acharnement dans la politique abolitionniste du travail du sexe qui expose toujours plus les personnes à la violence et à l’exclusion.

En 5 ans, le constat est sans appel : pas une seule avancée concrète pour les personnes trans malgré toutes nos recommandations et les engagements pris par les différents ministères. Seul un pseudo plan de lutte contre les LGBTphobies inefficace et inappliqué tente de masquer l’absence de volonté politique et le refus de travailler avec lespersonnes concernées.

L’amendement récent visant à exclure les personnes trans, non binaire et intersexes de la constitutionnalisation de l’IVG, proposé par la majorité présidentielle et adopté par l’Assemblée, est une injure de plus et montre bien le positionnement politique de ce gouvernement et des député·e·s qui le soutiennent.

Ce gouvernement n’est donc pas notre allié, et n’est nullement le barrage à l’extrême-droite, il est juste le barrage à toute émancipation pour les personnes trans, pour un monde non binaire, déconstruit et solidaire.

Nous, personnes trans et associations LGBTQIA+ et alliées, dénonçons la transphobie systémique ainsi que cette vague « anti-trans » et le silence assourdissant et l’inaction du gouvernement. Ce dernier doit faire appliquer la loi, il doit s’élever contre cette haine, et doit tout mettre en œuvre pour l’inclusion des personnes trans et contre toutes les discriminations et violences qu’elles subissent.

Tant que la transphobie persistera, les violences ne s’arrêteront pas et les mort·e·s seront là !

[1] https://tdor.translivesmatter.info/reports


Premières organisations cosignataires (par ordre alphabétique) :

ACGLSF, ADN Au-delà des normes, AIDeS, ASMF, Bi’cause, Centre LGBTQI+ de Paris-IdF, Collectif archives LGBTQI+, Commission LGBTQIA+ EELV, Couleurs Gaies, Fédération sportive LGBT+, Fiertés Landes, Fiertés Pas-de-Calais, HES LGBTI+, Inter- LGBT, Les ami·es du patchwork des noms, Mobilisnoo, Nosig centre LGBTQI+ de Nantes, Pride Marseille, RainbHopital, Reboo-T, Saint-Denis LGBTQI+, Les Séropotes, STOP homophobie, STRASS.