Kim Davis : Sortie de prison, l’héroïne des anti-mariage gay repart en croisade aux États-Unis

Mains au ciel, croix et «Eye of a Tiger» (Rocky 3) en musique de fond, c’était un show tout en symbole orchestrée pour galvaniser les soutiens de Kim Davis.

Après avoir passé quelques jours en prison, la greffière du comté de Rowan, dans le Kentucky, a été libérée ce mardi 8 septembre et accueillie en triomphe par «plus de 1 000 chrétiens», rapporte The Washington Post. Cette fonctionnaire avait été placée en détention sur ordre d’un juge fédéral pour avoir refusé de délivrer des licences de mariage à des couples homosexuels, affirmant que sa religion le lui interdisait. Dans un geste quasi sacrificiel, la quadragénaire avait décliné l’alternative d’une relaxe à condition qu’elle laisse ses adjoints signer les papiers à sa place.

Kim Davis est ainsi devenue l’égérie d’une partie des conservateurs. Plusieurs candidats aux primaires républicaines lui ont d’ailleurs apporté leur soutien, notamment le champion de la droite chrétienne, Mike Huckabee, qui était présent au rassemblement à la sortie du centre de détention.

L’affaire a également fait réagir de nombreux commentateurs américains. Des voix souvent critiques qui font valoir que Kim Davis «n’est pas une martyre chrétienne», comme l’écrit une journaliste du site The Daily Beast. Et qu’elle n’a “rien d’une Rosa Parks», selon un chroniqueur conservateur du Washington Post.
Certains à droite l’ont en effet comparée à la célèbre militante des droits civiques, qui avait refusé en 1955 de céder sa place à un passager blanc. Certains, comme Mike Huckabee, vont jusqu’à la comparer à l’ancien président Abraham Lincoln, qui n’avait «pas respecté la décision de la Cour suprême de 1857, l’arrêt Dred Scott, qui affirmait que les Noirs n’étaient pas pleinement humains».
Pour le chroniqueur, quoi qu’on pense du mariage homosexuel, «délivrer une licence de mariage n’entre pas dans la même catégorie que participer à un système judiciaire légitimant l’esclavage».

Le chroniqueur du magazine Time Kareem Abdul-Jabbar considère même que Kim Davis n’est «pas une patriote». Pour ce commentateur et ancien joueur de basket, la désobéissance civile n’est justifiée que lorsqu’il s’agit de défendre des principes constitutionnels. Or, dans le cas du mariage homosexuel, la Cour suprême a déclaré que la Constitution imposait aux Etats de célébrer les unions entre personnes de même sexe :

«Je trouve choquant qu’on soutienne des fonctionnaires qui outrepassent la Constitution pour imposer aux gens leurs croyances personnelles», conclut Kareem Abdul-Jabbar.

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Kim Davis a découvert la «grâce» il y a quatre ans. Elle a rejoint les rangs des «born again», au point de devenir un pilier de l’Apostolic Church, une église évangélique locale. Selon elle, «Dieu est au-dessus de tout. Les lois fédérales viennent en second». Lors des auditions, la greffière confessait avoir «remis (sa) vie entre les mains de Jésus-Christ», affirmant n’avoir aucun a priori contre les homosexuels: «Pour moi, il ne s’agit pas d’un problème concernant les gays ou les lesbiennes. Il s’agit du mariage et de la Parole de Dieu. Cela relève de la liberté de culte, protégée par le premier amendement» de la Constitution», s’est-elle défendue.

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avec courrierinternational