Guillaume Gallienne a-t-il inventé le #gay-friendly réac? Les critiques progressistes, à table !

En cette fin d’année, avec près de deux millions d’entrées glanées en quatre semaines d’exploitation, le film autobiographique de Guillaume Gallienne, Guillaume et les garçons à table! marche sur les pas du phénomène Intouchables. C’est l’histoire d’un garçon qui doit assumer son hétérosexualité dans une famille qui a décrété qu’il était homosexuel : par ce résumé final, le fils de bonne famille annonce à sa mère incrédule qu’il va se marier. Cette comédie dramatique doit son succès à la simplicité de son humour et au traitement d’une question sociale de fond. Par une alternance de séquences de ralentis musicales et de rythme soutenu, un humour burlesque et le diagnostic sans concession d’un tabou familial, Gallienne aborde en effet l’identité sexuelle adolescente sans fard.

Dès sa présentation au dernier festival de Cannes, le film a rencontré un franc succès critique. Gallienne jouit du label Comédie-française. Il est primé à Deauville, à Angoulême et il fait l’objet de la bienveillance de la critique gay-friendly. Laquelle, sans se méfier, voit d’un bon œil un film qui parle des questions de genre. Non sans acrobatie, Les Inrocks décryptent alors dans l’histoire de ce coming-out hétéro un “miroir subtil et impitoyable à l’homophobie, à son ridicule et à sa bêtise.”

Encore plus troublant, Valeurs actuelles a fait mention du succès de Guillaume Gallienne. Lequel a eu les honneurs des colonnes du Figaro magazine«Je parle de la différence et du besoin qu’on a d’étiqueter les gens. Après Mai 68, comme les tabous sexuels avaient sauté, quand un gamin comme moi n’aimait pas le sport ou la bagarre, on disait: “Bah, il est pédé, quoi!” C’était presque un signe d’ouverture.» Suspect non?
En effet, le réalisateur-acteur explique, en voix off tout au long du film, avoir vécu sa féminité qui l’a accompagné dès le plus jeune âge comme un trouble psychologique. Ce petit tardillon d’une fratrie devait être la fille tant attendue. Face à une mère omniprésente et des frères aussi absents que leur père, Guillaume s’enferme avec un certain talent dans un rôle de fille, autant pour se distinguer de ses frères que pour ressembler à sa mère. Ses tantes et sa mère, grandes bourgeoises vivant au milieu du personnel et des tableaux abstraits n’y voient aucun problème. Bien au contraire, elles le poussent à enfin-assumer-sa-sexualité. Le jeune homme finit par étouffer dans ce carcan et sort avec peine de cette destinée transgenre. Après une dépression -”vous vous aimez donc si peu?“lui demande son psychiatre- il tombe amoureux au cours d’un dîner de filles…

Morale de l’histoire, on peut être un homme sensible et heureux sans être un homo refoulé.

Comme on pouvait s’y attendre, certains critiques, embarrassés par le happy end de Guillaume Gallienne ont été agacé par une telle liberté de ton. Julien Kojfer,  blogueur autoproclamé docteur ès cinéma (sic), repris par  le site du Nouvel Obs et slate.fr, a dénoncé très justement un nouveau genre cinématographique, le “gay-friendly pour les réactionnaires” ou l’histoire d’un jeune homme contraint de “maîtriser le cheval pour maîtriser son sexe et devenir enfin un homme !“(…)”Face à un univers gay dépeint comme le septième cercle de l’enfer – ses seuls représentants dans le film sont trois arabes de banlieue agressifs adeptes des gang bangs et un étalon obsédé par la propreté et sa musculature grotesquement saillante – la femme révélatrice de l’hétérosexualité est filmée comme un ange salvateur qui vient libérer notre héros de ses abjects tourments.(…) Dans la France post-manif pour tous, pas étonnant donc que le film fasse un carton. ”

Et le critique de conclure: “Mais si chacun doit rester à sa place, les grands acteurs ne feraient-ils pas mieux de rester devant la caméra ?” C’est vrai après tout, peut-on autoriser un réac à filmer ?

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