Vidéo. Papouasie Nouvelle-Guinée : Hanuabada, le refuge des “gelegele”

Un film pour changer les cœurs et les mentalités…

>> Vlad Sokhin et son co-producteur Roman Kalyakin ont dévoilé leur court documentaire sur les homosexuels et transsexuels papous: Guavas and Bananas: Living Gay in PNG, à l’occasion du festival des droits de l’homme en Papouasie Nouvelle-Guinée.

Le documentariste et photographe russo-portugais, spécialiste des sujets inédits, centre son film sur la communauté de Hanuabada, un village côtier en bordure de Port-Moresby. « C’est probablement le seul endroit à Port-Moresby où ils se sentent en sécurité, et beaucoup ont déménagé exprès à Hanuabada parce que les villageois les acceptent comme ils sont », précise Vlad Sokhin.

L’homosexualité est un délit en Papouasie Nouvelle-Guinée, passible de 14 années de prison. Mais la loi est rarement appliquée. Les homosexuels et transsexuels sont cependant fréquemment victimes de violences, viols et meurtres, des crimes qui ne sont pas instruits par la justice, la plupart du temps.

« Hétérosexuel » cherche partenaire gay

Hanuabada est devenu le lieu de rencontres des homosexuels papous. Beaucoup d’hétérosexuels et de bisexuels s’y rendent à la recherche d’un partenaire de jeux sexuels. Des adolescents perdent leur pucelage avec ces homosexuels, parce qu’ils sont encore trop timides pour draguer les filles.

Haraga – Speedy reçoit ainsi régulièrement la visite de son « amant hétérosexuel ». « Il a une copine, mais il ne prend pas de plaisir à coucher avec elle. Mais quand il couche avec moi, il prend son pied », explique le gelegele.

Port-Moresby: les gelegele, objets de violences et de discriminations

À Port-Moresby, certaines boîtes de nuit organisent des fêtes pour la communauté gay, c’est-à-dire pour les gelegele, souvent habillés en femmes, et leurs camarades « hétérosexuels » et bisexuels. Mais le voyage à la capitale se fait à haut risque, souligne Speedy:

« Quand on sort du village pour aller faire la fête en ville, et qu’on n’a pas de moyen de transport pour rentrer au village, ça commence à être très dangereux. La plupart de mes amis ont été blessés ou tués dans ces circonstances. »

Et inutile de compter sur l’aide de leurs amants « hétérosexuels ». « Ils nous disent: vous êtes des hommes, vous pouvez vous défendre tout seuls. »

>> Le documentaire de Vlad Sokhin et Roman Kalyakin, « Guavas and Bananas: Living gay in PNG », a été montré au 5ème festival des droits de l’homme de la Papouasie Nouvelle-Guinée, à Port-Moresby, fin septembre. D’autres projections sont prévues à Goroka, Madang et à Bougainville. Et en route, il est également projeté dans de petits villages. Des débats publics sont organisés après la projection.

« Jusqu’à présent, nous avons eu des retours positifs, à Port-Moresby, et sur la page Facebook du festival, les organisateurs ont posté la photo d’un spectateur qui explique n’avoir jamais aimé les homosexuels et les transsexuels. Mais après avoir vu le film, il a dit qu’il avait changé d’avis », se réjouit Vlad Sokhin.

Hagara- Speedy s’est dit ravi de voir son histoire portée à l’écran: « Je veux que le gouvernement de la Papouasie Nouvelle-Guinée fasse quelque chose pour les homosexuels de ce pays, pour qu’enfin on puisse se déplacer librement, sans avoir peur. »

>> Gender based violence in Papua New Guinea is not only against women. Other marginalised members of PNG society are also targeted. Watch Vlad Sokhin‘s new multimedia “Guavas and Bananas. Living Gay in Papua New Guinea” produced in collaboration with Roman Kalyakin about gay and transgender people in Hanuabada village of Port Moresby and about challenges they face every day.

GUAVAS AND BANANAS. Living Gay in Papua New Guinea from vladsokhin on Vimeo.

Avec Natalie Tencic et Caroline Lafargue