Victime de la vague d’outing au Maroc, il porte plainte, la police l’accuse de non respect de confinement et d’« outrage à agent public »

Harcelé, lynché, suite à la campagne d’outing massif des LGBTQ+, initiée depuis la Turquie par « Sofia Taloni », « influenceuse », trans d’origine marocaine, qui l’avait directement ciblé dans un de ses lives, l’acteur Abdelatif Nhaila a choisi de porter plainte à la police de la ville de Sidi Kacem, dont il est originaire. Mais plutôt que d’enregistrer le procès-verbal, les agents l’ont placé en garde à vue pendant 48 heures, avant de l’accuser de « violation de l’état d’urgence sanitaire » et « outrage à un fonctionnaire durant l’exercice de ses fonctions ».

« Je souhaitais porter plainte pour diffamation contre une page Facebook qui m’avait insulté en partageant des extraits des vidéos avec l’influenceuse… Je voulais juste qu’ils convoquent le responsable afin qu’il retire sa publication… Au lieu de ça, des éléments de la PJ m’ont par la suite informé que j’étais placé en garde à vue sur ordre du parquet et que j’allais être poursuivi », a-t-il expliqué, niant par ailleurs les accusations, notamment d’injures à l’encontre des policiers. Il l’auront par contre méprisé, « pour sa chevelure et le piercing qu’il arbore ».

Le jeune homme est convoqué ce 12 mai pour son procès.

Pourtant, ce 27 avril, le porte-parole de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) annonçait l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « incitation à la haine et à la discrimination » suite à cette vague de délations et fuite de données liées. Il avait également invité les plaignants à se manifester. Il est donc parfaitement étrange que le parquet engage ensuite des poursuites à leur encontre.

Soutien total à Abdelatif Nhaila ! Nous aurions sans doute déposer plainte pour atteinte à la vie privée.

Pour mémo, Sofia Taloni appelle depuis plusieurs semaines à la délation des homosexuels dans son pays. Des dizaines de noms, accompagnés de photographies et parfois d’adresses ou de numéros de téléphone, ont ainsi été diffusés sur les réseaux sociaux après avoir été récupérés sur différentes applications de rencontres dédiées. Plusieurs victimes ont reçu des messages haineux, d’autres encore ont été jetés à la rue par leur famille ou ont subi des violences de leurs proches ulcérés par leur orientation sexuelle.

Le Maroc devrait abroger l’article 489, qui criminalise les relations homosexuelles, et introduire une législation protégeant les personnes contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Les droits des LGBT+ doivent être défendus.