Témoignage – #Homophobie : « Etre #gay dans le #sport, ça peut être un #handicap »

Edouard, 22 ans, a toujours été « addict » au sport. Parallèlement, il a aussi toujours su qu’il était homosexuel, « depuis l’âge de 7 ans », dit-il. Une orientation sexuelle qui lui a valu des remarques et des brimades, notamment dans les clubs de ping-pong qu’il a fréquentés assidûment. Tout commence à ses 13-14 ans. Edouard s’inscrit dans un club de l’agglomération de Rouen. Il se débrouille bien. Sauf que la cohésion avec l’équipe est difficile : « Les garçons apportaient des magazines érotiques dans les vestiaires. Ils se rendaient bien compte que ça me gênait ». Les insultes commencent, jusqu’à ce qu’Edouard soit sélectionné pour le Championnat de France. Là, les attaques deviennent physiques. « J’ai été lynché dans les vestiaires ». Son entraîneuse prend la chose à la légère, lui explique que « ce ne sont que des gamins qui ne savent pas ce qu’ils font ».

Un nouvel entraîneur intègre le club. Cette fois, c’est lui qui prend Edouard à partie, raconte-t-il amèrement. « Il jouait contre moi, en me traitant de tapette, de lopette ». Dans un autre club, voyant ses « manières » qu’il a « toujours eues », dit-il, ses coéquipiers « parlent comme des filles » et ricanent à son approche. Débute un « harcèlement sur le ton de la rigolade« . Des conditions qui ne lui donnent plus envie d’assister aux entraînements. « Je n’avais plus envie de m’entraîner dans cette ambiance-là. » Il se rappelle avoir discuté avec un coéquipier, lui aussi homo. « Lui se cachait parce qu’il voulait évoluer dans la compétition sportive ». Une dissimulation qui fait dire à Edouard : « Etre gay dans le sport, ça peut être un handicap ».

Alors, à la création au printemps 2013 de Be Sport Rouen, une association multisports gay et lesbienne, Edouard, militant LGBT, n’hésite pas et la rejoint. « Je ne suis pas jugé, il n’y a pas de discriminations, on peut parler de nos problèmes, de notre quotidien, sans peur. » Créée par trois joueuses de squash lesbiennes, l’association est affiliée à la Fédération sportive gaie et lesbienne. Sylvie, 36 ans la secrétaire de l’asso et responsable de l’antenne VTT. Grande sportive, elle n’a jamais subi d’homophobie dans le sport, dit-elle. Pourtant, elle justifie l’existence de Be Sport : « J’ai toujours été gênée, mal à l’aise de dire que j’étais homosexuelle dans les clubs de sport« . Elle sait aussi que l’homophobie dans le sport peut être la cerise sur le gâteau parfois : « Quand tu fait ton coming-out, qu’on t’a peut-être tourné le dos à ce moment-là, qu’au travail, tu entends des réflexions homophobes, ton seul exutoire, c’est le sport et là aussi tu as le droit à des insultes, tu fais quoi ? » Pendant les randonnées VTT, ou en faisant des brasses, les sportifs de Be Sport Rouen peuvent assumer leur sexualité, sympathiser avec leurs coéquipiers, sans se cacher. « Ne pas pouvoir le faire, c’est un frein à l’ouverture vers l’autre ».

Be Sport Rouen accueille 26 adhérents, la majorité sont des homosexuels. Pourtant, l’association n’est « pas communautariste. On ne veut pas être une association regroupant seulement des gays ». Les hétéros sont les bienvenus. L’asso propose plusieurs sports : natation, VTT, rando, rollers, running et prône « l’ouverture par le sport ». Elle sera aussi présente au colloque « Agir contre les discriminations dans le sport en Seine-Maritime », qui aura lieu le vendredi 8 novembre 2013, à l’hôtel du Département en présence de Valérie Fourneyron, Ministre des Sports.

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