Nouvelle offensive législative en Ouganda pour pénaliser le soutien aux personnes LGBT+

Les députés ougandais ont entamé au début du mois de mars l’examen d’une proposition de loi visant à durcir la répression de l’homosexualité, assimilée à un « crime contre la morale », déjà passible de lourdes peines d’emprisonnement.

Un projet similaire, prévoyant la perpétuité pour les relations homosexuelles, avec « encouragement de la population à la délation », avait été invalidé par la Cour constitutionnelle en 2014, après son adoption par le parlement sans le nombre requis de députés.

D’où la réactivation du processus, après plusieurs années de tentatives, pour punir toute promotion des droits LGBT+ également. Militants et alliés pourraient encourir des peines de prison pour un témoignage, une publication d’information ou un soutien financier.

Ce nouveau texte bénéficie comme souvent du soutien de la majorité. La présidente du parlement, Annet Anita Among, s’en est félicitée, évoquant la protection des « valeurs et de la culture du pays », face à l’Occident qui voudrait « légitimer l’innommable ».

Elle a aussi invité les religieux à intervenir. L’Eglise anglicane d’Ouganda a en effet condamné l’Eglise d’Angleterre pour son acceptation de la bénédiction liturgique des unions entre personnes de même sexe, jusqu’à menacer la communion d’une scission. Elle réclamait depuis des années « une loi anti-homosexualité plus stricte ».

En début d’année, Annet Anita Among avait également ordonné l’ouverture d’une enquête dans des écoles soupçonnées d’encourager l’inclusion, sous fond de théories complotistes et « forces internationales à l’œuvre dans l’ombre ». Le président ougandais, Yoweri Museveni, avait lui-même dénoncé « le manque de respect des normes et valeurs africaines par ceux qui soutiennent les droits des homosexuels ». Un argument régulièrement réitéré par les politiques pour « éluder les réalités qui affectent leur pays ».

Frank Mugisha, directeur exécutif de Sexual Minorities Uganda, la principale organisation LGBT+ ougandaise, interdite depuis l’année dernière, cette offensive législative est donc bien une « diversion » pour éviter d’affronter les vrais problèmes. Les actes homosexuels sont déjà illégaux, les membres de la communauté vivent en permanence dans la peur. Cette loi ne fera donc qu’amplifier leur harcèlement et les discriminations. Il déplore une radicalisation des ougandais, « dressés à haïr les personnes LGBT+ ».