Mariage gay : Peillon rappelle à l’ordre les établissements catholiques

Le ministre de l’Education nationale s’inquiète « des phénomènes de rejet et de stigmatisation homophobes » dans les établissements privés sous contrat suite au débat sur le mariage homosexuel.

Vincent Peillon a demandé vendredi aux recteurs « la plus grande vigilance » concernant le débat sur le mariage homosexuel dans les établissements catholiques, afin qu’il n’alimente pas l’homophobie.

« Il vous appartient en effet de veiller à ce que les débats qui traversent la société française ne se traduisent pas, dans les écoles et les établissements, par des phénomènes de rejet et de stigmatisation homophobes », écrit le ministre dans un courrier dont il a annoncé l’envoi au monde.fr et dont l’AFP a eu connaissance. « Je vous appelle à la plus grande vigilance à l’égard des conditions du débat légitime qui entoure le mariage pour tous (…) notamment dans les établissements privés sous contrat », ajoute-t-il.

vincent-peillon-alliance-nouvelleIl faut « appeler à la retenue et à la neutralité au sein de tous les établissements afin que l’école ne fasse l’objet d’aucune instrumentalisation », indique le ministre, demandant aux recteurs de l’informer « au plus vite des incidents éventuels et de toute initiative contraire à ces principes » dans les établissements publics comme privés.
«Je ne veux pas raviver la guerre scolaire»

Cet appel intervient avant la manifestation du 13 janvier contre le projet de loi sur le mariage homosexuel et un peu moins d’un mois après une lettre du secrétaire de l’enseignement catholique, Eric de Labarre, aux chefs d’établissement, suggérant d’y organiser des débats.

« Il ne me semble pas opportun d’importer dans l’école le débat sur le mariage pour tous. Je considère même qu’en adressant une lettre aux chefs d’établissement, le secrétaire de l’enseignement catholique a commis une faute », a déclaré le ministre au Monde.

« Je ne veux pas raviver la guerre scolaire », a-t-il souligné. « Et je suis très respectueux du caractère propre de l’enseignement catholique. Mais en retour », il « doit respecter le principe de neutralité et de liberté de conscience de chacun ».

« Il est hors de question de remettre en cause la neutralité de l’enseignement et le respect des programmes », a déclaré Eric de Labarre à l’AFP. « Il n’est pas question d’organiser spontanément des débats dans les classes avec les élèves », « même si, lorsqu’il y a des questions posées par les jeunes et les enfants, le pire c’est évidemment de garder le silence ».

Il a évoqué une « question qui se pose entre professionnels de l’éducation », des débats « entre adultes » en réponse à des attentes formulées par des chefs d’établissement, des professeurs et des parents.

« Nous n’appelons pas directement à participer à la manifestation » contre le mariage homosexuel, mais à « l’éveil des consciences et à ce que chacun exerce librement sa responsabilité de simple citoyen. Encore faut-il que la conscience de chacun ait été alimentée, nourrie, éclairée, c’est la raison pour laquelle nous pensons que des débats entre adultes sont utiles et mêmes nécessaires », a-t-il fait valoir.

« On ne peut pas nous faire d’emblée le procès d’intention que les débats seraient par définition truqués », a-t-il estimé, affirmant la « nécessité qu’aucun propos homophobe ne puisse être prononcé ».

Un peu plus de 2 millions d’élèves suivent leur scolarité dans les établissements de l’enseignement catholique.
SOURCE AFP