L’homosexualité n’est pas un « choix », pas plus qu’une « maladie occidentale », « elle fait partie de la nature humaine » (VIDEO)

Au cours des derniers mois plusieurs personnalités, dont Pascal Brindeau, député UDI, lors des débats autour de la PMA à l’Assemblée Nationale, ou encore le polémiste Éric Zemmour ont déclaré que l’homosexualité était un choix. Toutes les études l’ont montré ! Éric Zemmour a même poursuivi, sur la chaîne CNews, en ajoutant : « On assume ses choix: soit on couche avec l’autre sexe et on fait des enfants, soit on ne couche pas avec l’autre sexe et on n’a pas d’enfants. » Des propos qui ont provoqué de nombreux débats.

Pour lutter contre les « désordres de l’information », des « fake news » aux « idées reçues », Stéphane Clerget, psychiatre et auteur de l’ouvrage « Comment devient-on homo ou hétéro ? », revient sur ces questions, au cœur des Idées Claires, pour France Culture et France Info.

L’homosexualité est-elle un choix ?

Stéphane Clerget : « L’homosexualité, c’est-à-dire le désir pour une personne de son sexe n’est pas un choix, pas plus que nos préférences alimentaires, nos préférences musicales ou nos préférences sportives. Ça n’est pas quelque chose que l’on peut décider, comme on ne peut pas décider de tomber amoureux de quelqu’un, on ne décide pas du plaisir physique que l’on va ressentir au contact de telle ou telle personne. C’est quelque chose qui nous dépasse. »

L’homosexualité est-elle génétique ?

Stéphane Clerget : « L’homosexualité est-elle génétique ? Aucune étude ne conclut qu’il y a un gène qui définirait l’orientation sexuelle, qu’elle soit homosexuelle, hétérosexuelle ou bisexuelle. Et notamment, les études sur des jumeaux, qui ont a priori le même capital génétique, montrent que l’un des deux peut devenir homosexuel et l’autre hétérosexuel. Donc, il n’y a pas de vérité génétique et il n’y a pas non plus d’explication hormonale. On a cru au XXe siècle que les homosexuels masculins manquaient d’hormones mâles, de testostérone. Or, on a fait des mesures et il n’y a pas de différence, en termes de taux d’hormones. C’est bien plus compliqué que ça. L’orientation sexuelle, chez nous les humains c’est dans la tête et quand on aime quelqu’un ou qu’on désir physiquement quelqu’un, eh bien ça met en jeu des milliards de neurones et des connexions entre la zone du raisonnement, le néocortex, la zone des émotions le système limbique, le comportement moteur pour avoir un comportement érotique, et les zones sensorielles, l’odorat, l’ouïe, qui vont être plus ou moins stimulées par certains aspects de la personne que l’on va désirer. »

L’homosexualité est-elle une maladie occidentale ?

Stéphane Clerget : « L’homosexualité n’est pas une maladie occidentale, d’abord parce que ce n’est pas une maladie, ensuite parce que c’est présent dans toutes les sociétés depuis la nuit des temps. Ça a toujours été décrit, même dans l’Antiquité, et dans toutes les cultures. Alors, certaines cultures vont autoriser voire valoriser l’homosexualité, quand d’autres vont l’interdire voire la pénaliser. Et il existe aujourd’hui certains pays où l’homosexualité est passible de mort. Donc il est évident que dans ces pays-là, les personnes homosexuelles vont se retenir de comportements homosexuels. Et quand bien même elles tomberaient amoureuses d’une personne de leur sexe, elle vont renoncer à faire couple tout simplement pour sauver leur peau. »

L’homosexualité se guérit-elle ?

Stéphane Clerget : « On ne peut pas guérir de l’homosexualité puisque l’homosexualité n’est pas une anomalie, c’est quelque chose de normal, c’est un comportement érotique humain, naturel, qui fait partie de la nature humaine, qui n’est pas pathologique. Quand on aime quelque chose, eh bien on ne peut pas provoquer une aversion. Il y a eu des thérapies d’aversion qui ont été tentées au 20e siècle et qui ont toutes échoué. C’est-à-dire qu’on ne peut pas faire disparaître quelque chose qu’on aime ou qu’on désire. »

Les parents homosexuels influencent-ils leurs enfants ?

Stéphane Clerget : « Des études ont été menées dans les pays anglo-saxons et ont conclu qu’il n’y a pas plus d’enfants homosexuels issus de parents homosexuels et même il y en avait moins. Pourquoi ? Sans doute parce que ces enfants sentaient une espèce de pression sociale et étaient peut-être dans le désir d’une espèce de conformité, de montrer justement que ce n’est parce qu’on avait des parents homosexuels qu’on était homosexuel. En revanche ce qui est démontré, c’est que le fait d’avoir des parents homophobes augmentent la chance sur le plan statistique d’être homosexuel. Parce que les enfants peuvent ressentir cette homophobie et avoir donc envie de la questionner, aussi dans des expériences homosexuelles. »

Rappelons que l’homosexualité est illégale dans au moins 72 pays et passible de la peine de mort dans 12 d’entre-eux, dont le Qatar et l’Iran.