L’effigie d’une famille arc-en-ciel incendiée lors d’un carnaval en Croatie (VIDEO)

Depuis 2014, les couples homosexuels croates peuvent s’unir civilement, bénéficiant ainsi des mêmes droits que les couples hétérosexuels mariés, à l’exception de l’adoption. Mesure que la Cour constitutionnelle a levé il y a deux semaines, jugeant que les conjoints de même sexe avaient aussi le droit d’accueillir des enfants dans le cadre de la procédure de placement familial. La décision faisait suite à des débats houleux dans ce pays de 4,2 millions d’habitants membre de l’UE depuis 2013, mais où l’Église catholique exerce une forte influence.

Et ce dimanche 23, déguisé sous le masque des festivités d’un carnaval, les habitants de la petite ville d’Imotski ont mis le feu à des poupées en papier mâché à l’effigie d’une famille homoparentale, sous les applaudissements de centaines de personnes, dont de nombreux enfants.

Un bûcher symbolique qui a provoqué un vif émoi lundi 24 février dans le pays, poussant des groupes de défense des droits humains à annoncer des poursuites contre les organisateurs de la manifestation. Le président croate Zoran Milanovic a réclamé des excuses sur son compte Facebook, condamnant « un acte triste, inhumain et complètement inacceptable ». La protectrice des citoyens, Lora Vidovic, également.

Mais les organisateurs de l’événement estiment n’avoir fait que « respecter la tradition ». « Nous restons conservateurs… Un enfant devrait être sous la garde d’une mère », a commenté l’un d’eux dans la presse, Milivoj Djuka.

L’association de parents de même sexe Familles arc-en-ciel a annoncé qu’elle déposerait une plainte pour « incitation publique à la haine et la violence ». « Ces horribles scènes ne peuvent en aucun cas être justifiées par la tradition du carnaval », a déclaré Daniel Martinovic, en charge de l’ONG.

L’incident n’est pas le premier du genre. En 2018, un exemplaire du premier livre publié en Croatie sur des familles homoparentales a été brûlé lors d’un carnaval, rappelle l’AFP. La justice n’avait à l’époque pas engagé de poursuites.