Lèse-majesté:Homosexuel, le dernier roi d’Italie? L’héritier s’insurge

Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie a menacé l’éditeur français H&O, dont le «Dictionnaire des chefs d’Etat homosexuels ou bisexuels» mentionne son grand père, l’éphémère Humbert II.

Humbert II, mentionné parmi des «chefs d’Etat homosexuels ou bisexuels»? L’idée insupporte Emmanuel-Philibert de Savoie. L’héritier théorique de la couronne italienne, qui est né et vit à Genève, a menacé de demander la saisie du «Dictionnaire des chefs d’Etat homosexuels ou bisexuels», selon lui en réimpression, et d’exiger «des dommages et intérêts maximaux» à son éditeur, H&O. Il s’exprimait dans le programme KlausCondicio, mis en ligne le 17 août sur YouTube. Selon lui, l’ouvrage salit la mémoire de son grand-père avec des «ragots vulgaires». «Avec la famille, a-t-il ajouté, nous envisageons aussi un procès pour diffamation.» Emmanuel-Philibert a précisé que s’il gagnait, il entendait reverser les indemnités à la lutte contre les discriminations et à l’Arcigay, principale organisation LGBT de la Péninsule, rapporte «La Repubblica».

Humbert II (1904-1983) avait régné pendant seulement 36 jours, au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il s’était exilé en Suisse après le rétablissement de la République, en juin 1946. Plusieurs historiens ont soulevé la question de l’homosexualité du monarque – l’objet de rumeurs tenaces dans l’entre-deux guerres. On lui a prêté des relations avec Luchino Visconti, Jean Marais ou encore avec des «favoris» choisis au sein de l’armée. Mussolini aurait même disposé dès les années 1920 d’un dossier sur lui, qu’il utilisait pour faire pression sur la famille royale.

«Du pur délire»
Chez H&O Editions, une maison basée dans l’Héraut, on tombe des nues. «C’est du pur délire», s’exclame le directeur, Henri Dhellemmes, qui n’a pas eu le moindre contact avec la famille de Savoie ou ses avocats. «On est quand même à une époque où dire qu’un personnage était peut-être homosexuel n’est pas une calomnie. On l’a pas injurié, quand même!» Il dément toute réimpression de l’ouvrage, paru il y a plus de 10 ans. Quant à une plainte éventuelle, il la juge «ridicule et dérisoire»: l’auteur cite ses sources et prend toutes les précautions d’usage, souligne-t-il.

source:http://360.ch/blog/magazine/2012/09/il-ne-sera-pas-dit-que-le-dernier-roi-ditalie-preferait-les-hommes/