Le procès de Jean-Marie Le Pen pour homophobie reporté en raison de son « état de fatigue générale »

Le cofondateur du Front national (devenu Rassemblement national le 1er juin) devait comparaître, ce mercredi à la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Il est poursuivi pour provocation à la haine ou à la violence et pour injure publique. Mais il a été hospitalisé mardi après-midi, en raison d’un « état de fatigue générale », a indiqué son conseiller, Lorrain de Saint Affrique. A l’issue d’un examen auprès de son médecin, celui-ci a souhaité garder M. Le Pen, 90 ans, en observation quelques jours. Il aurait participé le dimanche précédent à 5 heures de dédicaces de ses mémoires. Son procès a été reporté au 3 octobre.

En mars 2016, il avait déclaré dans son « Journal de bord », « je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse… interdites mais tout de même dans l’exaltation de l’homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l’enfance et la jeunesse ».

La même année, interrogé par Le Figaro sur la représentation des homosexuels au sein du FN, il avait estimé que « les homosexuels, c’est comme le sel dans la soupe : s’il n’y en a pas assez c’est un peu fade, s’il y en a trop c’est imbuvable ».

En avril 2017, il déplorait l’intervention du compagnon de Xavier Jugelé, policier tué par un islamiste sur les Champs-Élysées, lors de son hommage. « la participation de son conjoint et le long discours qu’il a prononcé institutionnalisaient en quelque sorte le mariage homosexuel, l’exaltaient de façon publique […] Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie qui gagnerait elle-même à plus de discrétion. »

Me Etienne Deshoulières, avocat de l’association Mousse, qui a porté plainte pour provocation à la haine ou à la violence et injure publique, espère ainsi pouvoir « faire avancer la jurisprudence » sur les décisions rendues dans les procédures portant sur des propos homophobes. Il s’agit de confirmer que « lorsque l’on critique l’homosexualité, on critique l’homosexuel lui-même », souligne-t-il sur le Figaro. Les phrases homophobes sont responsables d’une partie du malheur des homosexuels, et ceux d’entre eux « qui adhèrent à ses idées politiques sont les premières victimes de cette homophobie intériorisée », ajoute Me Deshoulières, qui souhaite ainsi faire évoluer l’interprétation du délit de provocation à la haine, qui actuellement « n’a lieu que lorsqu’il s’applique à autrui. Or, ce genre de propos incite les homosexuels à se haïr eux-mêmes, notamment les plus jeunes qui n’ont pas fait leur coming out. »

Le conseil de M. Le Pen, Me Frédéric Joachim, estime au contraire défendre « la liberté d’expression face à la dictature de la pensée ». Ces procès contre son client seraient perçus par les associations plaignantes comme « de véritables distributeurs automatiques de jugements… pour récupérer de l’argent facile ».