Le film “Pride”, l’histoire de l’alliance des gays et des mineurs au pays de Galles

Le film “Pride”, présenté à Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs, relate l’alliance des mineurs en grève et des mouvements de lutte homosexuels au début des années 80.

 “Pride”, présenté à Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs, sort de l’oubli un épisode incongru de l’histoire sociale britannique sous l’ère Thatcher: l’alliance des mineurs en grève et des mouvements de lutte homosexuels au début des années 80. “C’est une histoire pour inspirer les jeunes qui sont aujourd’hui plus désillusionnés que jamais envers la politique”, dit à l’AFP le réalisateur britannique Matthew Warchus.

Terminé il y a tout juste une semaine, son film d’un budget de huit millions de livres (10 M EUR) a déjà trouvé preneurs en France, en Allemagne, en Italie, en Belgique, en Australie. Il sort en Grande-Bretagne en septembre.

Les activistes font la quête pour les mineurs

“Pride” débute durant l’été 1984. Cela fait quatre mois que les mineurs du pays sont en grève. Un petit groupe d’activistes des droits gays décide de leur venir en aide en lançant des collectes. “Les mineurs sont comme nous, bousculés par la police, le gouvernement et les journaux tabloïds“, dit Mark, l’un d’entre eux, dans le film.

De manifestations en boîtes de nuit, le petit groupe fait la quête pour secourir les familles des grévistes en détresse avec des arguments infaillibles. “Sans les mineurs qui produisent de l’électricité, tu ne pourrais pas danser sur ‘Bananarama’ “.

Choc entre les deux communautés

Mais voilà, une fois l’argent rassemblé, les “Lesbiennes et gays soutenant les mineurs” (LGSM) n’arrivent pas à le distribuer. Les syndicats leur raccrochent au nez et trouve leur soutien un brin embarrassant. Qu’à cela ne tienne, notre groupe du LGSM choisit au hasard un village minier du Pays de Galles et part en minibus distribuer le magot collecté aux habitants.

Sur place, c’est le choc entre les deux communautés qui vont devoir apprendre à se connaître et à s’estimer, un chemin semé de péripéties toutes plus drôles les unes que les autres.

Finalement les mineurs défilent en tête de la Gay pride

Stephen Beresford a écrit le scénario à partir de ces événements qui se sont réellement déroulés. “J’en avais entendu parler et j’avais fait quelques recherches sur Google mais c’est en lisant des témoignages sur le militantisme gay que l’histoire a pris corps“, explique-t-il à l’AFP. “J’ai interrogé des gens de l’époque. Ils pensaient que cette histoire allait mourir avec eux”, a-t-il ajouté.

L’histoire est résolument optimiste et montre, fait véridique souligne-t-il, les mineurs défilant finalement en tête de la Gay Pride londonienne.

Film “grand public”

“C’est vrai, admet le scénariste, beaucoup de choses ont fait marche arrière aujourd’hui, comme les législations anti-gays en Afrique ou en Russie, mais dans le même temps le mariage gay vient d’être légalisé en Grande-Bretagne”.

Les choses évoluent, estime le réalisateur de 47 ans, dont c’est le deuxième film car il a surtout mené carrière au théâtre à Londres et Broadway. “Pride a été conçu comme un film grand public. Il y a cinq ou dix ans, cela n’aurait pas été possible“, explique-t-il.

Le film montre que la politique “signifie vouloir changer les choses”

Matthew Warchus voit dans son film “un distant cousin de Billy Elliot”, le film tourné en 2000 par Stephen Daldry, montrant lui aussi des mineurs en grève de l’ère Thatcher, un monde au sein duquel un jeune garçon épris de danse doit trouver sa place.

“La politique a très mauvaise réputation aujourd’hui auprès des jeunes, insiste-t-il. Le film montre qu’elle signifie vouloir changer les choses”.

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