Jean-Marie Le Pen jugé à Paris pour provocation à la haine ou à la violence et injure publique envers les homosexuels

Le cofondateur du Front national (devenu Rassemblement national le 1er juin) devrait normalement comparaître ce mercredi 3 octobre à Paris pour ses propos visant les homosexuels, qu’il aura tantôt assimilé à des pédophiles ou des condiments.

Son procès a déjà été reporté deux fois, en raison notamment de son « état de fatigue générale ». Et depuis ce 25 septembre, il est hospitalisé « pour observation », selon son entourage. Sa présence semble donc très incertaine.

M. Le Pen reste toutefois poursuivi pour provocation à la haine ou à la violence et injure publique.

Le 18 mars 2016, alors qu’il était interrogé sur les affaires de pédophilie dans l’Eglise catholique, l’eurodéputé a affirmé que « l’abaissement des règles morales est une constante d’une société décadente, et je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse… interdites, mais tout de même, dans l’exaltation de l’homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l’enfance et la jeunesse ».

Le 21 décembre suivant, il déclarait à des journalistes du Figaro que « les homosexuels c’est comme le sel dans la soupe, si y’en a pas assez c’est un peu fade, si y’en a trop c’est imbuvable ».

Pour Me Etienne Deshoulières, avocat de l’association Mousse qui a déposé plainté, « les propos de Jean-Marie Le Pen sont intolérables et confortent les racistes et les homophobes dans leur position sociale et discursive ».

Les phrases homophobes sont responsables d’une partie du malheur des homosexuels, et ceux d’entre eux « qui adhèrent à ses idées politiques sont les premières victimes de cette homophobie intériorisée », ajoute Me Deshoulières, qui souhaite ainsi faire évoluer l’interprétation du délit de provocation à la haine, qui actuellement « n’a lieu que lorsqu’il s’applique à autrui. Or, ce genre de propos incite les homosexuels à se haïr eux-mêmes, notamment les plus jeunes qui n’ont pas fait leur coming out. »

Le conseil de M. Le Pen, Me Frédéric Joachim, estime au contraire défendre « la liberté d’expression face à la dictature de la pensée ». Ces procès contre son client seraient perçus par les associations plaignantes comme « de véritables distributeurs automatiques de jugements… pour récupérer de l’argent facile ».

L’ex-dirigeant est également poursuivi pour avoir déploré l’intervention du compagnon de Xavier Jugelé, policier assassiné par un islamiste sur les Champs-Élysées, lors de son hommage, estimant que sa participation et son long discours « institutionnalisaient en quelque sorte le mariage homosexuel, l’exaltaient de façon publique […] Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie qui gagnerait elle-même à plus de discrétion ».