Jean-François Copé : ” Revendiquer le mariage homosexuel au nom de l’égalité n’a pas de sens”

Jean-François Copé répond à ceux qui l’ont interrogé sur sa position quant à la dénaturation du mariage :

« Avant toute chose je tiens à rappeler que l’UMP n’est pas une caserne. Sur les sujets de société, il appartient à chacun de se positionner en conscience dans le respect des autres et sans caricat
ure. Toutefois, le mariage et l’adoption par les couples homosexuels ne figuraient pas dans le projet adopté par les militants de l’UMP à 96% fin janvier. Ils ne figuraient ni dans le programme de Nicolas Sarkozy, ni dans notre plateforme législative. Nous n’avons pas changé d’avis et nous ne portons pas ces projets. Cela n’empêche pas certains dans notre famille politique d’avoir à titre personnel des positions différentes sur ce point, ce que je respecte.

Pour ma part je suis opposé au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels

Comme l’avait dit Nicolas SARKOZY pendant la campagne, je pense que le mariage est un cadre destiné à donner une protection aux enfants. Il est intrinsèquement lié à la famille et s’organise autour d’un modèle composé d’un père et d’une mère. Il faut pleinement respecter les familles homoparentales qui existent. Mais cela n’implique pas de changer notre modèle de famille hétérosexuelle. …

Pour engager ce débat, il est tout d’abord fondamental de poser quelques principes de base, à commencer par le respect de chacun. En effet, nul ne doit être stigmatisé ou discriminé en fonction de son orientation sexuelle. Dans la même logique, il ne faut pas caricaturer la pensée d’autrui. Il n’y a pas d’un côté des réactionnaires et de l’autre, des modernes qui détiennent la vérité révélée et le sens de l’histoire : ce n’est donc pas raisonnable d’accuser d’homophobie, d’intégrisme, d’intolérance tous ceux qui sont opposés au mariage entre personnes du même sexe.

À mon sens, je pense que derrière la question du mariage se cachent deux problématiques :

• la question de l’adoption
• un besoin de reconnaissance symbolique demandée par les couples homosexuels

Concernant l’adoption, je crois qu’il n’y a qu’une chose à prendre en compte : l’intérêt de l’enfant et ce, dans toutes les circonstances. Ma conviction première est qu’un enfant a le droit d’être élevé, dans la mesure du possible, par son père et sa mère. Si je me bats pour la parité, c’est bien parce que je reconnais qu’il y a une dimension essentielle dans l’altérité sexuelle. Il serait paradoxal que j’impose la parité dans les conseils d’administration et que je considère que cela n’a aucune importance au cœur de la cellule familiale.

Alors bien sûr, il y a de nombreux cas dans lesquels cela n’est pas possible. Je pense aux familles monoparentales, mais aussi aux familles homoparentales. Or, comme l’a démontré Monsieur Jean LEONETTI dans son rapport sur le statut du beau parent, notre droit actuel permet déjà de prendre en compte les situations pour que l’intérêt de l’enfant soit toujours préservé, notamment à travers des délégations d’autorité parentale. Il y a sans doute des évolutions pour faciliter certaines procédures nécessaires, mais dans l’ensemble, l’état de notre droit répond déjà aux situations de fait. Je pense donc qu’il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’à une reconnaissance légale de l’homoparentalité.

Concernant la volonté de reconnaissance qui s’exprime dans la réclamation d’un mariage homosexuel, notre position est conforme à la décision rendue par le Conseil constitutionnel du 16 novembre 2010. Cette décision mentionne qu’il n’y a pas en France d’inégalité de situation entre les couples hétérosexuels qui peuvent se marier et les couples homosexuels qui ne le peuvent pas car la différence de situation entre les couples de même sexe et les couples composés d’un homme et d’une femme peut justifier une différence de traitement. En clair, un couple d’un homme et d’une femme, ce n’est objectivement pas la même situation qu’un couple de 2 personnes de même sexe, il n’y a donc pas d’inégalité de traitement entre ces deux situations différentes. L’égalité c’est que tous les hommes français ont le droit de se marier à une femme et inversement de même qu’aucun citoyen français n’a le droit d’épouser une personne de même sexe.

La loi est la même pour tous. Revendiquer le mariage homosexuel au nom de l’égalité comme le fait le PS n’a donc pas vraiment de sens.

Plus largement, le débat porte sur la définition du mariage dans notre société : est-il juste un contrat passé entre personnes majeures et consentantes qui veulent que leur communauté de vie soit reconnue par l’Etat ? Ou bien est-ce une institution, intégrant la perspective de la filiation et qui est donc garantie par les pouvoirs publics pour le bien des enfants potentiels et celui de la société ?

Voilà une vraie question. Oui, le mariage est une affaire privée, entre deux personnes qui s’aiment. Mais si ce n’était que cela, on n’irait pas à la mairie. Le mariage est aussi une affaire publique. Il a une dimension institutionnelle, qui est moins là pour reconnaître les sentiments de deux adultes que pour donner un cadre aussi solide que possible à la famille, au service de la société.

Attention à ne pas réduire tout le débat politique sur la famille à cette question du mariage entre personnes du même sexe ou de l’adoption par les couples de même sexe. C’est une question qui concerne tous les Français et sur lequel la droite et la gauche ont une approche différente. »

Source : http://www.chretiente.info/201210183051/jean-francois-cope-revendiquer-le-mariage-homosexuel-au-nom-de-legalite-na-pas-de-sens/