Guet-apens homophobe à Drancy : 4 ans d’emprisonnement pour l’agresseur de Kevin

Dans l’affaire du guet-apens homophobe de Drancy (Seine-Saint-Denis), l’agresseur a été condamné, lors de l’audience qui s’est tenue ce lundi 10 mai 2021, à 4 ans de prison pour des faits de violences homophobes en réunion avec usage d’une arme. Il encourait jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende.

Dans la nuit du 4 au 5 mars 2019, Kevin, la trentaine, avait été attiré dans un piège, alors qu’il pensait se rendre à une rencontre, organisée via une application dédiée. Il a été tabassé puis poignardé par trois jeunes, dont deux mineurs. Ils seront jugés devant le Tribunal pour enfants, tandis que le troisième comparaissait devant le Tribunal correctionnel de Bobigny, ce 10 mai.

Il a été condamné à 4 ans d’emprisonnement, dont 16 mois avec sursis. Mais en ayant déjà effectué 20 mois en détention provisoire, le prévenu sera assigné à résidence pendant 12 mois sous dispositif électronique, avec obligation de suivi d’une formation, interdiction de rentrer en contact avec la victime et interdiction de porter une arme.

Cette agression, requalifiée de « violences homophobes en réunion avec usage d’une arme » durant l’instruction du dossier, a entraîné près de 30 jours d’ITT, ainsi qu’un profond traumatisme psychologique. Mais le préjudice corporel de Kevin n’étant pas encore consolider plus de 2 ans après les faits, le tribunal a ordonné une expertise pour l’évaluer, lui accordant toutefois, d’ores et déjà, 1500 € d’indemnité pour ses frais d’avocats. Le prévenu devra également verser aux associations Mousse, STOP homophobie et Adheos, 300 € à titre d’indemnité et 250 € en remboursement des frais engagés.

Toujours trop d’agressions homophobes en banlieue

Selon le ministère de l’Intérieur, en 2019, 1870 victimes d’infractions à caractère homophobe ou transphobe ont porté plainte, soit +36% par rapport à 2018. Les victimes des actes anti-LGBT constatés par la police étaient en majorité des hommes (75 %) entre 15 et 34 ans (58 %).

Selon deux sondages réalisés par l’Ifop en 2018 et 2019 pour la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie (Dilcrah) :

– 55% des LGBT ont déjà été victimes d’un acte LGBTphobe dans leur vie,
– 39% des homosexuel.le.s résidant dans des banlieues populaires ont déjà été agressé.e.s physiquement en raison de leur orientation sexuelle,
– 80% des LGBT agressé.e.s physiquement au cours des 12 derniers mois expriment un sentiment de désarroi en lien avec leur orientation sexuelle ou leur identité de genre,
– 60% des LGBT victimes d’une agression physique ont pensé à se suicider.

On constate ainsi que le contexte de discrimination accentue les effets psychologiques des violences physiques. Ces conséquences psychologiques graves sont – malheureusement – également présentes chez Kevin.

Selon Me Etienne Deshoulières, avocat des associations : « Les homosexuels vivant en banlieue sont trop souvent victimes d’agressions homophobes. Il est temps que cela s’arrête. La violence homophobe n’est pas une fatalité. Il faut sensibiliser, informer et parfois sanctionner fermement lorsque cela est nécessaire. »