« Genre » : le Réseau Mondial des Catholiques Arc-en-Ciel se désole des récents propos du Pape François

« L’identité de genre n’est ni une mode sociale ni un péché contre Dieu », déclare le Réseau Mondial des Catholiques Arc-en-Ciel (GNRC), en réponse au Pape François, qui a une nouvelle fois regretté son enseignement dans les écoles, comme l’a rapporté mardi le Vatican, relayant un compte rendu d’une discussion avec des évêques de Pologne, tenue en marge des JMJ.

Estimant que « nous vivons dans un moment d’anéantissement de destruction de l’homme en tant qu’image de Dieu », ainsi que le martelait déjà son prédécesseur Benoit XVI, le Saint-Père a dénoncé certains ouvrages fournis par des « personnes et des institutions qui donnent de l’argent », sans en citer aucun, si ce n’est d’évoquer une « colonisation idéologique » soutenue par des « pays très influents ».

« Les personnes transgenre et intersexe (TI), de même que les gays, les lesbiennes et les bisexuelles, ne choisissent pas leur identité de genre », rappelle le GNRC, qui regrette surtout un « manque d’empathie » dans les commentaires du Pape.

« L’identité de genre se découvre : elle ne se choisit pas. Si les écoles enseignaient vraiment que le genre est un choix, alors il faudrait effectivement que le curriculum soit modifié ». Un tel propos au sujet de personnes transgenres et intersexes, déjà « couramment et constamment mises en question par la société, par l’Église et par leurs familles à cause de ce qu’elles sont, ne reflète pas l’amour de Dieu pour ces personnes, qu’elles soient catholiques ou non. » On pourrait même y percevoir la légitimation de leur condamnation et harcèlement, « même si telle n’a pas dû être l’intention du Pape. »

De même, lorsque le souverain pontife fait référence à la prétendue « idéologie du genre », il crée « la confusion et des malentendus à l’intérieur de l’Église et en dehors », insiste l’organisation, qui précise en outre que « le dur travail et les efforts pour l’inclusion de personnes TI » dans la société, par des programmes d’éducation à l’école sur l’identité de genre, ne font pas partie d’une « mode postmoderne » ou d’un « lobbying biaisé », qui cherche « à contrer les enseignements traditionnels de l’Église ou à dissoudre la trame de la société. »

La réalité des transgenres et intersexes fait bien partie de l’histoire de l’humanité depuis le début, « comme le manifestent les représentations artistiques, littéraires et autres dans de nombreuses cultures et religions autour du monde, qu’elles soient chrétiennes ou non », souligne encore le GNRC. « La grande différence à l’heure actuelle est que la recherche et les preuves fournies par des études sérieuses en biologie, en psychologie et en psychiatrie, montrent clairement que l’identité de genre d’une personne peut différer de son sexe biologique à la naissance ».

Le GNRC salue « les grandes avancées et signaux transmis par le Pape François concernant la visibilité et l’accueil des catholiques lesbiennes, gays et bisexuels dans l’Église », mais déplore que « les catholiques TI (transgenre et intersexe) et leurs familles n’aient pas encore reçu le même traitement ».

Considérer que des politiques d’éducation inclusives pourraient faire croire à des jeunes que « chacun peut choisir son propre sexe », est une lecture erronée des observations scientifiques et une fausse interprétation de ce que les personnes TI désirent accomplir (…) , affirme le communiqué, interpellant pour l’occasion le pape sur « le harcèlement, la dépression » et le taux de suicide, de 40% plus élevé chez les adolescents transgenres.

Alors, « aborder ce sujet à l’école est un moyen essentiel pour tenter de protéger des vies jeunes et vulnérables. Des messages comme celui que vient de publier le Vatican, non seulement rajoutent à la douleur et à l’isolement des catholiques TI, mais ils renforcent les préjugés et la discrimination, dans des pays ou des régions où l’Église a parfois encouragé, ou a contemplé en témoin silencieux, la persécution et la criminalisation des personnes LGBTI et de leurs familles. »

Le Réseau Mondial des Catholiques Arc-en-Ciel espère avec ferveur que « l’Église montre une meilleure compréhension et plus de respect envers les personnes TI. Nous voulons également exprimer notre empressement à soutenir l’Église dans ce processus. Nous partagerions volontiers des récits de vie et des témoignages de catholiques transgenres et intersexes et de leurs familles. Ils nous informent au sujet de leur foi, leur vie, leur identité, leurs souffrances et leurs espoirs, le tout dans l’esprit de l’exhortation apostolique du Pape. »

« L’Église est la Maison de Tous et cela inclut nos frères et sœurs dans la foi transgenre et intersexe. Nous recherchons tous la reconnaissance, l’inclusion et la justice… Et marchons sur le même chemin vers une intégration véritable entre notre foi et notre orientation sexuelle et/ou notre identité de genre », conclut le GNRC.

Fondé en octobre 2015 à Rome, lors du colloque « Chemins de l’Amour », avec 80 participants de 30 pays, le Réseau Mondial des Catholiques Arc-en-ciel (GNRC), rassemble des organisations et individus, qui œuvrent sur tous les continents pour la pastorale et la justice pour les personnes lesbiennes, gays, trans, questionnantes et intersexes (LGBTQI).

Terrence Katchadourian
stophomophobie.org