Éric Zemmour comparaît ce mardi après-midi devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris pour des propos niant la déportation des homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale. Huit associations de défense des droits humains et LGBT+, dont STOP homophobie, se sont constituées parties civiles.
Dans son livre « La France n’a pas dit son dernier mot », paru en 2021, le président du parti Reconquête! qualifie de « légende » la déportation d’homosexuels en raison de leur orientation sexuelle. Des propos qui reprennent ceux de l’ex-député Christian Vanneste, déjà condamnés par le passé, et qui ont suscité une vive indignation.
Pour les associations requérantes, ces affirmations relèvent clairement du négationnisme. Elles dénoncent une entreprise de réécriture de l’histoire, qui participe à l’effacement des persécutions subies par les personnes LGBTQIA+ sous le régime nazi.
Les faits, pourtant, sont établis. D’après les travaux du Mémorial de la Shoah, environ 100 000 personnes homosexuelles furent fichées par la police nazie. Près de 50 000 furent condamnées sur la base du paragraphe 175 du Code pénal allemand, entre 5 000 et 15 000 furent déportées dans les camps de concentration. Une majorité y ont péri. Cette mémoire, longtemps passée sous silence, n’a été reconnue en France qu’à partir du milieu des années 1990, et plus explicitement dans un discours officiel en 2001.
« Ce procès ne concerne pas seulement une question historique, il engage aussi notre responsabilité collective face à la banalisation des discours de haine », souligne Terrence Khatchadourian, secrétaire général de STOP homophobie. L’avocat des associations, Me Étienne Deshoulières, estime pour sa part que « la négation de ces persécutions invisibilise les victimes, encourage les stigmatisations actuelles et fragilise la mémoire collective ».
L’audience se tient dans un contexte alarmant : en 2024, près de 4 800 atteintes visant des personnes LGBTQIA+ ont été recensées en France, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Depuis 2016, ces violences augmentent en moyenne de 15 % par an.
Les associations espèrent que la justice saura reconnaître la gravité de ces propos, et rappellent qu’un tel déni de l’histoire ne peut être assimilé à une simple opinion. Il s’agit, affirment-elles, d’une forme de négation d’un crime contre l’humanité.
Ce procès pourrait ainsi ouvrir la voie à une reconnaissance judiciaire plus explicite des persécutions subies par les homosexuels sous le régime nazi, et constituer un signal fort face à la montée des discours LGBTphobes en France.