Entretien avec le Président de la European LGBTQ+ Police Association (EGPA)

En mars 2019, Alain Parmentier, cofondateur de FLAG! (association française des personnels LGBT+ des ministères de l’Intérieur et de la Justice), accédait à la présidence de la European LGBTQ+ Police Association (EGPA). Créée en 2004, à l’initiative notamment de FLAG!, l’EGPA est une plateforme d’échanges et sensibilisation, fédérant les organisations LGBT+ européennes des forces de sécurité. Présente dans 18 pays, elle espère promouvoir ses engagements et actions en encourageant davantage la formation déjà d’associations de policiers LGBT+ dans toute l’Europe.

Mais, « le terme ‘Policier’ se comprend à l’échelle européenne comme rassemblant les forces de sécurité tels que les Gendarmes, les agents de la pénitentiaire, et les douaniers », explique Alain Parmentier.

« Il s’agit de pédagogie et d’échanges des bonnes pratiques. Nous collaborons avec toutes ces structures similaires pour former nos collègues et leur proposer des ressources pour prévenir en interne déjà les comportements et propos LGBT+phobes, comprendre nos enjeux, difficultés, mais aussi accueillir au mieux les personnes LGBT+, lors d’une audition, d’un dépôt de plainte, car il y a encore beaucoup d’a priori », regrette le militant. « On essaie de gommer les tabous, les appréhensions. Pour beaucoup de monde, notamment des pays d’Europe de l’Est, c’est en effet un thème qui reste compliqué à aborder. Mais comme on échange entre nous, sans langue de bois, on contribue à banaliser la ‘question’. Et en fonction, nous leur apportons un accompagnement logistique, nous les aidons à mettre en place leurs outils etc. ».

Dix policiers de différents pays se relaient ainsi. Et l’EGPA est déjà intervenue à la formation des agents d’Europol, l’agence européenne de police criminelle, et devrait bientôt le faire auprès de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes.

« Nous travaillons également à l’information, participation du public, à sa sensibilisation aux droits LGBT+, aux lois européennes. Nous manifestons, marchons pour nos fiertés, organisons tous les 2 ans une conférence, dans un des états membres, afin d’échanger sur les évolutions législatives dans nos pays respectifs, consolider les instances et acteurs sociaux », ajoute Alain Parmentier, qui insiste sur cette nécessité de « rapprocher les citoyens LGBT+ Européens de leur police ».

« Il faut briser la méfiance, les gens changent, les lois évoluent et nous œuvrons dans ce sens, même s’il y aura sans doute toujours des groupuscules pour crier plus fort que d’autres parce que nous sommes des ‘policiers’ », regrette-il, rappelant « que le rôle d’un policier c’est d’abord de protéger la population ».

« Et puis, nous sommes aussi des personnes LGBT+ confrontées à ces mêmes préjugés et discriminations, d’où notre engagement au sein du réseau mondial des professionnels police / justice LGBTI, pour veiller à ce que les carrières des agents LGBT+ se poursuivent à l’instar de leurs collègues hétérosexuels, sans préjugé mais épanouissant. Nous nous réunissons là encore tous les 3 ans pour faire un point d’étape sur nos avancées et difficultés. », Poursuit-il. « Fin octobre, nous étions une délégation de 10 pays de l’EGPA au conseil de l’Europe à Strasbourg pour participer au travaux de modification du document européen de formation des policiers sur les questions LGBT+. Une étape supplémentaire pour continuer à sensibiliser les forces de l’ordre européennes. ».

La prochaine conférence de l’EGPA est prévue en mai 2024 à Bruxelles avec jusqu’à 200 policiers européens attendus.