“Coming in” : Histoires de l’homosexualité dans le monde du travail des années 50 à nos jours

Huit à neuf personnages, gays et lesbiennes de 20 à 80 ans, ont accepté de raconter leur histoire de vie au travail, dans l’entreprise, petite ou grande, l’administration, le monde agricole. Une parole jusqu’ici peu entendue voire même tue. Du cadre dirigeant à l’employé, du fonctionnaire à l’agriculteur, ils constituent un panel d’une grande diversité professionnelle et socio-culturelle.

Le monde du travail est un monde clos, hiérarchisé. C’est aussi un monde très normé qui s’est historiquement construit en valorisant la figure du mâle-blanc-hétérosexuel bon père de famille. Comment les gays et lesbiennes, longtemps désignés comme hors norme, ont-ils composé avec cette réalité dans leur vie professionnelle ?

Chacun témoigne d’une époque, d’un système de pensée et d’une morale avec lesquels il/elle doit composer. Les plus anciens racontent l’homosexualité impensée et impensable, les discriminations et l’obligation de se conformer, au risque du mal-être et de la schizophrénie. Les plus jeunes oscillent entre visibilité et invisibilité, entre optimisme forcené et dénonciation d’une homophobie flagrante ou sous-jacente.

A ces portraits de personnages, témoignant de leurs ‘arrangements’ mais aussi de leurs conquêtes quotidiennes au travail, s’ajouteront des images d’archives racontant 50 ans d’évolution des mœurs en France au travail et dans la société civile.

Ces tensions et aller-retour constants entre scène sociétale et monde du travail, vie professionnelle et univers intime de nos personnages, formeront la matière de ce film.

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Marlies Demeulandre, l’auteure-réalisatrice a commencé ce projet de documentaire en réalisant une petite série de films sur l’orientation sexuelle destinés aux entreprises

Ces petits films (4’) sont aujourd’hui de véritables outils de sensibilisation dans les entreprises.

f9e96d63509c7e86d4d9314080e441Le succès de la série a encouragé la réalisatrice à aller plus loin. Comme tout combat, il faut continuer de lutter et faire que ces témoignages aient le plus de visibilité possible pour en finir avec ces discriminations encore trop présentes dans le monde du travail!

Aujourd’hui, Marlies souhaite donc réaliser une version documentaire d’une heure destinée à la télévision mais aussi aux festivals. Pour cette version, il lui a semblé nécessaire de chercher des personnages hors « des bureaux ».

Marlies est actuellement en tournage avec ces nouveaux témoins. Leurs interviews viendront compléter et enrichir le casting de départ. Une nouvelle phase de tournage est également nécéssaire ensuite avec les témoins déjà présents dans la série courte “Coming in!”

Témoignages :

7b1e122dd1f839681c5cd859b59b97* Patric, la cinquantaine, cadre dirigeant dans un groupe industriel

La découverte de son homosexualité adolescent a été une énorme source d’angoisse et il l’a longtemps cachée à sa famille, puis au travail. Après son coming out, début 2000, il a pris la tête d’une des 1ères assos LGBT en entreprise, au sein d’IBM France. Il est aussi le père de 3 enfants qui grandissent dans une famille homoparentale.

* Laurent, 46 ans, adjudant de gendarmerie

Laurent est fils et petit-fils de gendarme. Une tradition familiale. Lui-même est gendarme depuis 22 ans. Il décrit le milieu de la gendarmerie comme très traditionnel et conservateur. « Je suis ‘out’, dit-il, car j’ai un certain grade qui pousse au respect.» Il pense que la question de l’homosexualité reste taboue dans son milieu professionnel et qu’il faut faire évoluer les mentalités. C’est pour cela qu’il a choisi de témoigner. Il est père d’un adolescent et vit en couple à Bordeaux.

* Olivier, 51 ans, agriculteur

Seul garçon dans sa fratrie, Olivier a longtemps vécu comme une malédiction l’injonction pater- nelle qui l’obligeait à prendre la relève de l’exploitation familiale. Collège en milieu rural, lycée agricole, son chemin est balisé. Mais au lycée, Olivier se découvre une passion pour le théâtre qui ne le quittera plus. Puisqu’il le faut, il sera agriculteur mais aussi clown. Et c’est par le clown qu’il découvre son identité gay. Marié et père de famille, il divorce à 40 ans et vit désormais sur son exploi- tation avec son compagnon. Il qualifie le milieu agricole de pudique et taiseux. Lui ne s’est jamais senti jugé par ses pairs agriculteurs.

* Monique Issele, 82 ans, retraitée de l’éducation nationale

Monique a travaillé comme responsable pédagogique au sein de l’enseignement supérieur pendant 40 ans. Militante féministe et lesbienne, elle a rejoint les Gouines Rouges dans les années 70. Elle racontera l’ordre moral des années 50 à 70 au travail et son insoumission.

* Nadia, 54 ans, retraitée de la RATP

Nadia a été machiniste à la RATP pendant 20 ans. Dès 16 ans, elle travaillait à l’usine. Elle ne s’est jamais totalement dévoilée au travail. Une vie clivée pour se protéger. Elle témoigne de la situation des homos dans des environnements de travail très masculins et traditionnels.
Fraîchement retraitée de la RATP, elle vit aujourd’hui dans l’Orne avec sa compagne, jeune secrétaire médicale qui, elle, a d’emblée refusé de se cacher.

Note d’intention de la réalisatrice

“Il y a plus de 10 ans, une collègue de travail m’a révélé son homosexualité sous le sceau du secret. « Trop dangereux, m’avait-t-elle dit de se dévoiler dans une grande entreprise à la culture traditionnelle ». Je l’ai alors interrogée : mais que voulait-elle dire par ‘dangereux’ ? « Des regards narquois, des mots blessants ou inappropriés, d’une curiosité malsaine, voire d’actes de discrimination, de ceux qui peuvent bloquer une évolution professionnelle sans que le fait soit jamais prouvé. Et puis il y avait ses enfants. Qu’allait-on dire d’odieux, d’insultant sur sa famille homoparentale ? ».

Telle fut sa réponse.

Cette situation m’avait frappée, touchée. Ainsi, dans une société française qui semblait à mes yeux tolérante, une personne gay pouvait se sentir suffisamment mal à l’aise dans son environnement de travail pour afficher une identité de façade, conforme à la norme dominante.

Puis, en 2011, l’association l’Autre Cercle, qui lutte contre les discriminations dans le monde du travail, publiait une étude révélant que « 2/3 des personnes gays, lesbiennes, bi et trans » cachent leur orientation sexuelle au travail. Ce chiffre m’a choquée. L’histoire que j’avais partagée dix ans plus tôt était donc encore d’actualité et révélait un comportement non pas marginal mais majoritaire au sein de la population LGBT.

Bien évidemment, ces discriminations sont le plus souvent invisibles, ce qui les rend encore plus difficile à combattre. Les sociologues ont décrit les freins invisibles qui bloquent la progression des femmes sous le terme de « glass ceiling » ou « plafond de verre ». Par analogie, l’expression de « plafond rose » désigne désormais les freins à l’emploi et à la progression professionnelle des homosexuel-le-s.

Encore aujourd’hui, un long chemin reste encore à parcourir pour susciter une prise de conscience collective et faire évoluer les mentalités afin de lutter contre toute forme d’exclusion et de discrimination dans le monde professionnel.

Mais tout n’est pas noir, une partie du chemin a déjà été parcouru ! Depuis les années 70, la société française a fait des bonds de géant sur la question gay, passant de la répression à la reconnaissance de droits. Et le monde du travail intègre ces changements à son rythme. C’est cette évolution des mœurs, cette traversée du monde du travail sur près de 50 ans que j’aimerais raconter.

Il m’a semblé important de lever le voile sur cette question en donnant la parole à ceux qui vivent intimement la différence. A travers des associations LGBT, j’ai rencontré des gays et lesbiennes, qui tous ont été confronté-e-s au dilemme de la visibilité. Chacun-e ayant, à sa manière, composé avec la norme dominante. Beaucoup ayant mis en oeuvre à un moment de leur vie des stratégies d’évitement, d’accommodement, voire de reniement, payées au prix fort !

Avec ce film, j’aimerais donner à voir et à entendre des personnages qui m’ont énormément touchée parce qu’ils racontent une histoire universelle, celle de l’acceptation de son identité. Et pour les homosexuel-le-s, cette histoire-là est plus complexe parce qu’elle peut mettre en danger.

Enfin, j’aimerais qu’une « mémoire » de l’homosexualité au travail puisse se construire avant que les plus anciens, ceux qui peuvent raconter le temps de l’invisibilité, disparaissent. “

Marlies Demeulandre

A quoi va servir le financement ?

Actuellement la chaine Public Sénat co-produit le film et nous avons eu un soutien de la direction de la Communication du Ministère du Travail qui considère que la lutte contre l’homophobie dans le monde du travail reste un combat à mener.

Nous continuons notre recherche de financement mais pour le moment seuls les frais de tournage peuvent être payés et une partie du montage.

Ces 9 500 euros se répartiraient ainsi :

– 3 semaines restantes de montage : La salle de montage + Fin Rémunération (avec charge 64%) du monteur = 3 000 euros TTC
– Achat d’archives INA = minimum 2 200 euros TTC
– La salle d’étalonnage + rémunération de l’étalonneur = 1 540 euros TTC
– Le studio de mixage + rémunération du mixeur son = 2000 euros TTC
– Et les 8% du total (Commission de Ulule + frais de transactions Bancaires) = 760 €

Soit un total de 9 500€.

Idéalement nous aurions besoin de bien plus !! Notamment car nous souhaitons que le film ait le plus de chance d’être visible par tous.

Nous avons, entre autres, pour objectif sur le court et moyen terme de :

– Créer de bons outils de diffusion afin de faire circuler un maximum le film – ( par exemple, cela coute 3 500 euros de frais techniques pour payer 10 copies DCP pour les festivals et les salles de cinéma)
– Fabriquer le matériel promotionnel en grande quantité de la meilleure qualité possible (dossier de presse, affiches, DVD…)
– Pouvoir se rendre à un maximum de marchés du film documentaire afin une fois de plus d’élargir au maximum les possibilités de diffusion du film : A titre d’exemple, le Sunny Side Doc à la Rochelle coûte près de 1500 euros.
– Organiser au moins une deuxième grande projection dans la salle de cinéma du Luminor en plein cœur du Marais (2 000 euros) – Il y aura quoiqu’il arrive une avant-première à la Scam!
Embaucher un attaché de presse, un programmateur

Présentation de l’auteure-réalisatrice

Diplomée en histoire de l’Art, Lettres et journalisme, Marlies Demeulandre mène un double parcours de journaliste / auteure et de communicante.

Spécialiste de sujets de société et de culture, elle est d’abord journaliste pour CANAL+ pendant 5 ans, puis développe des collaborations avec la presse news et magazine (Le Nouvel Observateur, L’Express Expansion, L’Entreprise,Le Journal des Femmes…) tout en publiant des livres (‘Vivre en famille recomposée’, Vuibert, 2002, ‘Comment réussir à changer de vie’, L’Express Editions, 2003, ‘L’école maternelle’, Albin Michel 2005, ‘Patrons papas’, Le Cherche Midi, 2010).

De 2006 à 2012, elle est directrice associée d’Equilibres, agence conseil dédiée aux enjeux de responsabilité sociétale des entreprises au sein de laquelle elle développe le pôle Communication. Elle travaille tout particulièrement sur les inégalités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail.

Depuis 2012, elle développe des projets de documentaires sur des sujets sociétaux et culturels.

En tant que productrice, elle a accompagné le développement de ‘Naked War’, documentaire de 60’ consacré aux Femen écrit et réalisé par Joseph Paris en 2014, diffuseur LCP- Pan, La Chaîne Parlementaire et ‘Tout s’accélère’, documentaire de 80’ écrit et réalisé par Gilles Vernet, sélectionné par le Festival d’Education d’Evreux.

En tant qu’auteure-réalisatrice, elle a réalisé ‘Sade, monstre des lumières’, documentaire de 52’ consacré à la vie et l’œuvre du Marquis de Sade à l’occasion du bicentenaire de sa mort. Diffuseur Paris Première, Décembre 2014.

Elle a également écrit et réalisé des films courts, sociétaux ou institutionnels, destinés à une diffusion en ligne.

Elle a notamment coécrit la websérie ‘Les 100 premiers jours d’un dirigeant’ diffusée sur les échos.fr et qui a reçu le TOP Com d’Or de la meilleure websérie en 2014.

Présentation de LaClairière Production

Une production qui regarde la société droit dans les yeux.

La Clairière Production a été créée en décembre 2011 par claire Beffa, producrice et Gilles Vernet, auteur réalisateur. sa ligne éditoriale est à l’image de l’engagement de ses fondateurs : user du pouvoir de l’image pour éclairer des sujets sociétaux et militants que ce soit à travers la fiction, le documentaire ou les films institutionnels sur la responsabilité sociétale des entreprises.

STOP HOMOPHOBIE​ soutient le projet : http://fr.ulule.com/coming-in/

Pour en savoir plus : http://www.laclairiereproduction.com
et https://www.facebook.com/cominginledoc?__mref=message_bubble